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Témoignage franceinfo "Tu fermes ta gueule sinon je te tue" : Michèle raconte son agression par le "violeur de la Sambre", en 2002

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France

Michèle Rémy, employée de mairie, fait partie des 19 victimes de viols et d'agressions sexuelles identifiées en France dans la vallée de la Sambre (Nord). Agressée en 2002, elle a livré son témoignage à franceinfo. 

"Il m'a coupé la respiration et m'a mis un couteau sur la gorge", témoigne avec émotion Michèle Rémy, jeudi 1er mars, sur franceinfo. Sur la quarantaine d'agressions confessées par le violeur en série présumé de Pont-sur-Sambre dans le Nord, Michèle Rémy, 60 ans, fait partie des 19 victimes de "viols" et "agressions sexuelles" identifiées en France.

En 2002, trois femmes ont été agressées sur la commune de Louvroil, à 11 km de Pont-sur Sambre. Parmi elles, Michèle, employée de mairie, qui a déposé une plainte l'époque. Elle se remémore l'agression violente dont elle a été victime, selon le même mode opératoire décrit par le procureur de la République de Valenciennes. 

Des souvenirs et une douleur intacts

"C'était le 7 ou le 8 février, c'était un vendredi", raconte Michèle, 60 ans, les yeux rougis, un café sur la table. C'était il y a 16 ans, mais ses mots sont précis comme si c'était hier. Ce cauchemar, elle l'a gardé en mémoire, minute par minute. "J'allais travailler à la salle de sport. Quand j'ai refermé la porte, on m'a sauté sur le dos, par derrière, raconte-t-elle. Là, votre vie, elle défile sur un quart d'heure de temps... Il m'a coupé la respiration et m'a mis un couteau sous la gorge. Il m'a dit : 'Tu fermes ta gueule sinon je te tue'."

Avec son bras, il me tenait la tête, et de l'autre main il me tirait les cheveux pour aller du côté de la salle où il y a les tapis.

Michèle Rémy

Michèle Rémy poursuit. "Il m'a dit : "Allonge-toi". Il m'a attaché les mains, les pieds,  et quand j'ai été sur mon dos, là il m'a étranglée carrément, des coups de poings, des gifles..." Michèle n'a pas été violée. "Il n'a pas eu le temps", explique-t-elle. Une de ses collègues est "arrivée à temps". L'homme l'a poussée pour s'enfuir. "Elle a allumé toutes les lumières. Il m'a lâchée, mais j'avais le haut tout ouvert. Elle a hurlé."

Je n'ai jamais pu voir son visage, c'était toujours dans le noir, par derrière et dans le noir. Il avait quelque chose au visage, comme un bandeau, ou des cheveux. 

Michèle Rémy

Pendant toutes ces années, Michèle Rémy en est persuadée, son agresseur n'était pas loin. "Je me suis toujours dit que c'était une personne du coin. Il ne faisait pas ça du jour au lendemain, il repérait ses victimes. Il nous repérait." 

Si Michèle témoigne aujourd'hui, "c'est pour être soulagée, tranquille". "Comme ça, tout sera classé. Je n'étais pas bien hier [mercredi], ni ce matin. Tout ça, ça remue", explique-t-elle. "Si c'est lui... Il est pris, ça y est, et puis qu'il y reste le plus longtemps possible."  En prison. "C'est une ordure, poursuit-elle, encourageant les autres victimes à témoigner à leur tour. Qu'elles parlent, qu'elles parlent, ça aidera les autres personnes et elles-mêmes. Elles seront délivrées. Qu'elles ne gardent pas ça pour elles !" 

Le souvenir de l'agression, il y a seize ans, n'a jamais quitté Michèle Rémy. "Ça revient toujours, à la même période, à la même date. J'y pense tout le temps, ça ne s'efface pas, ça ne s'oublie pas. Ça reste." 

Michèle Rémy affirme qu'elle va prochainement contacter un avocat. Elle n'a pas encore été entendue par le procureur de la République de Valenciennes.

Michèle Rémy raconte son agression par le "violeur de la Sambre", en 2002 - Benjamin Illy

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