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Festival de Cannes : avec "Les Eternels", Jia Zhang-ke sublime l'actrice Zhao Tao

L'histoire d'amour dans la pègre dans une Chine en mutation offre à l'actrice chinoise un des rôles féminins les plus marquants de cette édition du Festival.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
 L'actrice chinoise Zhao Tao (DAVE BEDROSIAN/GEISLER-FOTOPRESS / GEISLER-FOTOPRESS)

Ce n'est pas la pègre des grandes villes, mais le Jianghu, une marge sociale, hostile à l'autorité, régulatrice des communautés, avec ses codes d'honneur. C'est aussi un genre cinématographique en Chine. L'histoire débute en 2001, se déroule jusqu'à aujourd'hui et encore une fois Jia Zhang-ke mène deux récits. Celui de ses personnages et celui de son pays, en perpétuelle mutation. Dans une ville minière sur le déclin, Qiao est une jeune femme épanouie dans cette petite pègre, elle impose sa fraicheur, son naturel, au milieu d'hommes rustres, joueurs et buveurs invétérés. Avec Bin, son compagnon, petit chef de bande, ils vont danser sur YMCA le soir.

Mais en ce début des années 2000, de petites frappes plus violentes bousculent la hiérarchie du crime et Bin est attaqué par des concurrents. Qiao le défend, son audace l'amène en prison. Elle en sort cinq ans après, mais personne ne l'attend. Elle part à la recherche de son homme, traverse de grands espaces, en train, il y a un côté western dans Les Eternels. Éternel comme leur amour ? Pas sûr, quoi que, la vie va et vient, la Chine avance trop vite pour cette idylle.  

Zhao Tao grande interprète

C'est moins puissant que Au-delà des montagnes en 2015 qui était implacable sur l'avidité dans la Chine convertie au capitalisme, avec un enfant qui s'appelait Dollar.. Dans Les Eternels, il y a de belles métaphores, comme ce fleuve qui coule, emporte des populations déplacées par la construction d'un barrage, cette vie qui bouscule les traditions du Jianghu. Et puis il y a Zhao Tao, qui interprète Qiao, c'est une immense actrice, elle est l'épouse de Jia Zhang-ke qui de film en film la sublime à l'écran.

Son personnage traverse une quinzaine d'années, elle évolue de l'innocence du début à la gravité, les épreuves marquent son visage, elle dégage une dignité tout en retenue et prend toute la place dans ce film. Est-ce un hasard ? Alors que dans le débat sur la place des femmes dans le cinéma se pose aussi la question des rôles, depuis le début de la compétition, Joana Kulig dans le Pawlikowski, Irina Starshenbaum dans le Serebrennikov et Zhao Tao dans le Jia Zhang-ke, nous ont beaucoup émus et ce n'est pas fini.      

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