Fillon et Copé à "Des paroles et des actes" : ce qu'il faut en retenir
Les deux candidats à la présidence de l'UMP se sont livrés un combat feutré. Ils ont montré une différence de style flagrante mais peu de divergences de fond.
SUCCESSION A L'UMP - C'était un événement politique très attendu. Avant le vote de militants qui les départagera le 18 novembre, François Fillon et Jean-François Copé étaient les invités, jeudi 25 octobre, de l'émission "Des paroles et des actes", sur France 2. Les deux candidats à la présidence de l'UMP ont d'abord été interrogés chacun à leur tour par David Pujadas, Nathalie Saint-Cricq, Jeff Wittenberg et François Lenglet, avant une confrontation en face-à-face. Voici ce qu'il faut retenir de cette émission.
L'enjeu
Contrairement à la primaire socialiste de l'automne dernier, seuls les militants de l'UMP pourront voter. C'est donc eux en priorité que Jean-François Copé et François Fillon devaient tenter de séduire jeudi soir. Mais dans cette lutte fratricide, la ligne rouge ne devait pas être franchie, sous peine de passer pour un diviseur.
Pour autant, chaque candidat devait essayer de se distinguer de son adversaire, de marquer ses différences, afin de susciter l'intérêt des Français dans une campagne qui ne passionne pas l'opinion.
Le ton
François Fillon : posé mais ferme.
Premier à s'exprimer, l'ancien Premier ministre a voulu se montrer en homme d'Etat rassembleur et expérimenté. Il a notamment rappelé que pendant ses cinq années à la tête du gouvernement il avait pu "prendre la mesure de la gravité de la crise". Il a toutefois donné des gages à droite, affirmant vouloir réformer les aides sociales accordées aux étrangers, quitte pour cela à devoir passer par une modification de la Constitution.
Jean-François Copé : véhément.
Le secrétaire général de l'UMP a d'emblée lancé "un appel à la résistance" face à "la politique menée par François Hollande". Fidèle à sa campagne, axée sur "la droite décomplexée", il a agité à plusieurs reprises le chiffon rouge du mariage des homosexuels et du droit de vote des étrangers. Jusqu'à se montrer un brin arrogant face aux journalistes qui le questionnaient sur la polémique du "pain au chocolat".
La phrase
François Fillon : "Chacun s'exprime comme il l'entend. Moi, je ne l'aurais pas dit comme ça."
Interrogé sur l'expression "racisme anti-Blancs" développée depuis quelques semaines par Jean-François Copé. De façon générale, l'ancien Premier ministre a tenu à prendre ses distances avec le positionnement très à droite de son adversaire.
Jean-François Copé : "Le rassemblement, oui, mais pas à l'eau tiède."
Le député-maire de Meaux a assumé son discours très à droite : "Je le reconnais, quand il s'agit de mon pays, mon sang ne fait qu'un tour. Je suis clairement à droite, mon positionnement c'est celui d'une droite décomplexée, qui s'assume", a-t-il dit, voulant "retrouver la fierté d'être à l'UMP, la fierté d'être de droite".
La passe d'armes
Aucune. La première partie de l'émission a paradoxalement été plus animée que la seconde, les deux hommes rivalisant de formules bienveillantes. "Cette campagne se passe remarquablement bien", a assuré Jean-François Copé. "Ce n'est pas sur un plateau de télévision qu'on va donner des signes de divergence", a de son côté expliqué François Fillon. "Je n'ai pas d'adversaire dans cette campagne et quand les journalistes me disent 'mais il n'y a pas tellement de différence entre les programmes', ben heureusement qu'il n'y a pas pas tellement de différence." Et force est de constater que les deux hommes ont été d'accord sur presque tous les sujets. A quelques exceptions près.
Peu de divergences de fond
Outre la flagrante opposition de style, François Fillon et Jean-François Copé ont laissé transparaître de rares divergences de fond.
Mariage des homosexuels. S'ils y sont tous deux opposés, les deux hommes n'adopteraient pas la même attitude s'ils se trouvaient en position de célébrer une telle union. "A titre personnel, je ne célébrerais pas" de mariage homosexuel, a dit le maire de Meaux, indiquant que si la loi était votée, il déléguerait ces unions "à tel ou tel adjoint" municipal. "S'il est voté, je respecte la loi, parce que je suis un républicain qui respecte la loi, même si cela me poserait un certain nombre de vrais problèmes de conscience", a au contraire déclaré François Fillon.
L'attitude en cas de retour de Nicolas Sarkozy en 2017. "Je me rangerai derrière Nicolas Sarkozy", a assuré Jean-François Copé. Réponse différente pour François Fillon : "Le moment venu, je serai avec celui qui aura le plus de chance de faire gagner notre famille. Si c'est Nicolas Sarkozy, je serai avec lui. Si je suis avec Jean-François, je serai avec lui, comme j'espère qu'il sera avec moi si je suis le mieux placé."
L'attitude face au Front national. En cas de duel PS-FN au second tour d'une élection, Jean-François Copé campe sur sa stratégie du "ni-ni". Après l'avoir combattue, François Fillon l'approuve désormais à demi-mot, dans une formule ambiguë : "Jamais je ne voterai FN, je n'ai jamais voté à gauche, mais on ne peut pas mettre ces deux partis sur le même plan", a déclaré l'ex-Premier ministre.
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