Pourquoi la campagne à l'UMP ne connaît pas le succès de la primaire du PS
Francetv info se penche sur les raisons pour lesquelles, selon un sondage, seul un Français sur cinq se dit intéressé par le duel Fillon-Copé pour la présidence du parti.
SUCCESSION A L'UMP – En s'affrontant sur France 2, jeudi 25 octobre, François Fillon et Jean-François Copé ont notamment une mission : prouver aux Français l'intérêt du duel qui les oppose actuellement pour la présidence de l'UMP. Car pour l'instant, la campagne à laquelle l'ancien Premier ministre et l'actuel secrétaire général du parti se livrent est loin de connaître le succès populaire de la primaire du Parti socialiste, qui a eu lieu il y a un an.
Selon un sondage Harris Interactive (PDF) publié lundi 22 octobre, seuls 18% des Français se déclarent "assez intéressés", et 4% "très intéressés" par la compétition. Et même chez les sympathisants de l'UMP, 52% des sondés se disent "pas vraiment" ou "pas du tout" intéressés par la bataille en question ! Francetv info en profite pour se pencher sur les raisons pour lesquelles cette campagne interne à l'UMP est loin de susciter autant de passion que la primaire socialiste de 2011.
1Peu de différences politiques entre les deux candidats
Première différence de taille, en dehors du fait que la campagne soit organisée pour choisir un chef de parti et non un candidat à la présidentielle : là où la primaire PS a vu s'affronter pas moins de six candidats, seules deux personnalités ont pu maintenir leur candidature à l'UMP. Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Henri Guaino, qui souhaitaient participer aux débats, ont été disqualifiés, faute d'avoir réuni les 7 924 parrainages requis.
Surtout, là où de vraies divergences de fond existaient entre les candidats socialistes (en particulier entre Arnaud Montebourg et Manuel Valls), difficile de voir ce qui sépare François Fillon et Jean-François Copé. En dehors de la ligne politique à tenir vis-à-vis du Front national, l'ancien Premier ministre et l'actuel secrétaire général de l'UMP se rejoignent sur la plupart des sujets. Ce que reconnaît François Fillon lui-même, assurant qu'avec Jean-François Copé, c'est surtout "une différence d'histoire, de parcours, de personnalité. Pas une différence idéologique".
2Seuls les adhérents de l'UMP peuvent voter
L'autre "détail" qui sépare la campagne pour la présidence de l'UMP de la primaire du PS, c'est que le 18 novembre, seuls les adhérents de l'UMP à jour de leur cotisation pourront voter, soit un corps électoral d'un peu plus de 260 000 personnes. "C'est un champ trop restreint. Les Français ne sont jamais très intéressés par ce qui concerne l'avenir d'un parti", souligne Jean-Daniel Lévy, directeur du pôle opinion de l'institut Harris Interactive.
A l'automne 2011, la principale innovation de la primaire socialiste était d'ouvrir le suffrage à l'ensemble des Français, dès lors qu'ils étaient prêts à signer une "charte d'adhésion aux valeurs de la gauche". Au final, plus de 2,6 millions d'électeurs avaient participé au premier tour, et plus de 2,8 millions au second tour.
3L'élection semble jouée d'avance
"L'autre élément important, c'est que les Français pensent que l'élection est déjà pliée", relève Bruno Jeanbart, de l'institut de sondages Opinionway. Là où il existait un semblant de suspense entre François Hollande et Martine Aubry lors de la primaire socialiste, les sondages attribuent actuellement à François Fillon une avance plus qu'écrasante. Selon l'institut Harris Interactive (PDF), 67% des sympathisants UMP souhaitent la victoire de l'ancien Premier ministre, contre seulement 22% pour Jean-François Copé.
Les jeux ne sont pourtant pas faits, souligne-t-on à l'envi dans le camp du député-maire de Meaux, mais aussi du côté des instituts de sondage. En effet, les enquêtes d'opinion sont réalisées auprès de l'ensemble des sympathisants UMP, alors que seuls les militants encartés pourront voter. Et leurs aspirations sont peut-être différentes.
4Les Français sont lassés par la politique
Enfin, il faut aussi relever une certaine lassitude des Français vis-à-vis de la politique, qui a tendance à desservir l'exercice auquel se livre l'UMP. "Les Français ont eu de la politique non-stop pendant six mois. Aujourd'hui, ils ont envie de passer à autre chose", témoigne Bruno Jeanbart.
Une lassitude que l'on ressent aussi dans la plupart des audiences des émissions politiques à la télévision et à la radio. Et que Jean-François Copé et François Fillon auront à cœur de faire mentir, jeudi soir, sur le plateau de France 2.
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