530 dossiers ont été déposés mardi par la CGT à la préfecture de police de Paris
Les dossiers ont été constitués sur la base d'un accord trouvé le 18 juin avec le ministère de l'Immigration et la Direction générale du Travail.
"Ces dossiers seront examinés au cas par cas" et "à compléter par chaque employeur au cours de la procédure", indique la préfecture de police.
Les dossiers des salariés régularisables contiennent feuilles de paye, justificatifs de résidence, etc.
L'accord a été arraché après huit mois de grève et occupations d'entreprises, et plus symboliquement, celle de la Bastille pendant trois semaines en juin.
Si les demandes aboutissent, les intéressés obtiendront une carte de séjour valable un an, renouvelable.
Boubacar Gassanna, 36 ans, laveur de vitres, carte de gréviste CGT n°1169, valant de facto autorisation provisoire de séjour jusqu'au 30 septembre, espère ainsi obtenir des papiers après onze ans de travail en France qui lui permettent de se loger à Alfortville (Val-de-Marne) et d'envoyer 200-300 euros par mois à sa femme et son fils au Mali.
Pour Antoine Romeo, secrétaire fédéral CGT Commerce, Il s'agit d'"une aventure humaine extraordinaire".
200 à 300 salariés en attente d'une régularisation s'étaient rassemblés pour l'occasion place Saint-Michel, soutenus par des militants CGT, Cimade, Ligue des Droits de l'Homme, Femmes Egalité, Droits Devants!, etc.
Pourtant l'ambiance n'était à la fête en raison du discours présidentiel faisant le parallèle entre immigration et délinquance.
L'administration très tatillonne
Les pièces exigées par l'administration prennent des proportions "inadmissibles", selon Raymond Chauveau, coordinateur CGT du mouvement qui a appelé le gouvernement à "revenir à l'esprit de l'accord".
"L'amalgame entre immigration et insécurité ne tient pas", a-t-il dit, les salariés sans papiers étant "la preuve flagrante que les travailleurs immigrés dans ce pays n'aspirent qu'à une chose, travailler et être reconnus comme travailleurs afin d'être régularisés".
Selon lui, la préfecture demande aux salariés régularisables de produire une photocopie du registre du personnel de leur entreprise, ou l'état financier de la société d'intérim qui les emploie, ainsi que la feuille d'imposition des particuliers employeurs.
La régularisation par le travail est possible depuis 2008 mais a donné lieu à une forme d'arbitraire préfectoral dénoncée par les syndicats, les associations, et une partie du patronat.
Le gouvernement, opposé à toute régularisation globale, a mis des mois à le reconnaître avant d'accepter des "ajustements".
Pour les entreprises où travaillent des salariés sans papiers, c'est le moment de se mettre en règle. La société de nettoyage Seni du Val-de-Marne a été renvoyée mardi en justice avec ses deux dirigeants, qui reconnaissent avoir employé cette main d'oeuvre vulnérable, jusqu'à 10% des effectifs selon la CGT.
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