Agression dans un train : plainte contre plainte
L'agresseur présumé conteste le caractère antisémite du passage à tabac d'un lycéen juif, mercredi. Une information judiciaire pour "violences aggravées" doit être ouverte samedi.
Version contre version. Un des agresseurs présumés d'un jeune juif, mercredi dans un train Toulouse-Lyon, a porté plainte vendredi 6 juillet contre la victime, estimant avoir subi des violences de sa part, selon une source proche de l'enquête, qui confirme une information du quotidien Le Progrès.
Ce jeune homme, qui se trouvait toujours en garde à vue vendredi en compagnie du second agresseur présumé, a porté plainte pour "coups et blessures", selon la même source. La garde à vue des deux suspects, âgés de 18 ans, a été prolongée de 24 heures vendredi matin. Les deux agresseurs présumés feront l'objet samedi d'une information judiciaire pour "violences aggravées", selon une source judiciaire.
• La version de la victime
Les faits se sont déroulés dans un train alors que la victime, âgée de 17 ans et scolarisée à l'école Ozar Hatorah de Toulouse rentrait à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, où réside sa famille. Selon son témoignage, il aurait été pris à partie et insulté par l'un de ses agresseurs présumés, alors qu'il téléphonait à son frère, qui porte un prénom juif. Sur la plateforme du wagon, a-t-il raconté, il aurait été frappé par le jeune homme, bientôt rejoint par son ami. Durant la bagarre, seul l'un des deux aurait fait référence à son judaïsme, a-t-il assuré.
Le frère de la victime assure, lui, à Europe 1 que le lycéen "avait un médaillon avec un signe dessus, donc ça se voyait qu'il est juif. Et il me parlait, or mon nom a une consonance assez hébraïque". Il ajoute : "Ce sont les agresseurs qui lui ont fait remarquer qu'il était juif, pas mon frère. Ils lui ont dit : 'Qu'est-ce que t'as avec tes bras de juif ?' On ressentait qu'il y avait beaucoup de haine."
• La version des agresseurs présumés
Les suspects disent, eux, s'en être pris au jeune homme car il "ne cessait de téléphoner et parlait très fort dans le wagon, dérangeant les autres voyageurs et notamment un bébé qui dormait". Ils assurent ne pas avoir su que le jeune homme était juif. Toujours selon Europe 1, les témoignages de voyageurs iraient dans ce sens.
Par ailleurs, jeudi soir, une source judiciaire a évoqué des "témoignages contradictoires", estimant que "le caractère antisémite de l'agression n'était pas encore avéré". Les gardés à vue, qui ne nient pas l'agression, ont en revanche rejeté toute connotation religieuse, selon une autre source proche de l'enquête.
• Début de polémique autour de l'emballement politique et médiatique
La thèse antisémite a pourtant avancée par le ministère de l'Intérieur dès l'annonce de l'agression, jeudi, ce qui a amené Le Progrès (article payant) à ironiser vendredi sur "la politique du communiqué". "Dans nos institutions fondées sur la séparation des pouvoirs, une enquête est menée par un magistrat. Pas par le ministre de l'Intérieur", note le quotidien régional.
L'émotion a été amplifiée par le fait que la victime était scolarisée à l'école Ozar Hatorah de Toulouse, où Mohamed Merah avait tué en mars trois enfants et un père de famille juifs. D'autant que le lycéen s'était trouvé en première ligne de la tuerie, tentant de secourir des victimes.
"On est dans un cadre d'agressivité entre deux jeunes et il faut rester prudent", a estimé vendredi Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon. "Personne ne doute au sein de la communauté juive qu'il s'agit d'un acte antisémite. On n'attaque pas quelqu'un sans raison, ou pas simplement parce qu'il téléphonait", a affirmé de son côté Richard Wertenschlag, grand rabbin de Lyon.
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