Air France taxée d'autisme par certains pilotes
Après l'envoi d'un rappel à l'ordre à tous les pilotes, le syndicat majoritaire juge la direction d'Air France "autiste"Après l'envoi d'un rappel à l'ordre à tous les pilotes, le syndicat majoritaire juge la direction d'Air France "autiste"
Alors que l'enquête sur le crash du Rio/Paris piétine, le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) estime en outre cette lettre "inacceptable"
Dans un courrier interne, le directeur des opérations aériennes et le directeur de la sécurité "font état d'incidents majeurs récents imputables au non-respect des procédures de vol par certains pilotes"
"Cette lettre cristallise la perte de confiance des pilotes dans leur direction"
Le SNPL réagit à un courrier du 20 octobre "adressé à tous les pilotes" dans lequel le directeur des opérations aériennes, Pierre-Marie Gautron, et le directeur de la sécurité à Air France, Etienne Lichtenberger, citent de récents incidents d'exploitation imputables au non-respect des procédures de vol en mettant en cause l'attitude de certains pilotes."Cette lettre cristallise la perte de confiance des pilotes dans la direction de leur entreprise", prévient le syndicat, qui juge que la direction est coupable "d'autisme".
"Jeter en pâture ces incidents d'exploitation en parallèle à l'accident de l'AF447, en disant que le professionnalisme des pilotes doit être remis en cause est proprement inacceptable", a affirmé Erick Derivry, porte-parole du syndicat des pilotes de ligne.
Pour lui, la direction procède à un "amalgame qui vise à faire porter la responsabilité exclusive de l'ensemble de ce dossier -l'accident de l'AF 447 ou de ces incidents d'exploitation - sur les pilotes". "C'est totalement inacceptable et irresponsable", a-t-il martelé.
Afin d'éviter de "tomber dans le syndrome France Telecom et d'une rupture de confiance entre la direction et le reste de l'entreprise", le SNPL va "dépenser beaucoup d'énergie pour que la mission d'audit démarre le plus tôt possible", a ajouté M. Derivry.
Air France avait annoncé en septembre son intention de lancer une mission d'expertise externe sur la sécurité de ses vols, à la suite de l'accident du vol Rio-Paris le 1er juin.
Par ailleurs, deux organisations minoritaires, le Syndicat des pilotes d'Air France (SPAF) et Alter, ont brandi mardi la menace d'une grève si la direction persistait à ne pas prendre en compte leurs propositions sur la sécurité des vols.
Ils réclament une série de mesures, notamment celle d'être associés à l'étude des Air Safety Reports (ASR: rapports écrits par les pilotes suite à des incidents).
La direction d'Air France s'en prend à la "surconfiance" des pilotes
Titre du courrier des responsables d'Air France aux pilotes : "Assez de polémiques et de faux débats sur la sécurité des vols".La direction cite plusieurs exemples récents de "déviations" qui "ont généré du risque", comme par exemple un décollage maintenu malgré une alarme "Config", synonyme d'"interdit", avant le décollage, rapporte le journal. "Nous pensions que nous maîtrisions ces risques élémentaires (...) que la situation actuelle inciterait chacun à redoubler de vigilance. Force est de constater que ce n'est pas le cas", affirment les auteurs de la lettre. Ils mettent en garde contre la "surconfiance" et la "volonté de trop bien faire des pilotes".
Le directeur des opérations aériennes, Pierre-Marie Gautron, et le directeur de la sécurité à Air France, Etienne Lichtenberger, abordent le sujet du récent crash de l'Airbus A330 du vol AF 447 Rio-Paris (228 morts le 1er juin). A leurs yeux, les spéculations sur le drame "jettent le trouble dans l'esprit de certains pilotes en les faisant douter de la justesse de notre doctrine, de nos procédures et de celles du constructeur".
"La pression du temps ne peut être une excuse, l'exécution de la mission une raison suffisante pour passer outre", estiment les auteurs du courrier. "La simple application des procédures prévues aurait permis d'éviter l'événement. Il n'y a pas de procédure à corriger, ni de nouvelle procédure à créer", ajoutent-ils, faisant référence au fait de passer outre cette procédure.
Soulignant d'entrée de jeu une communication à la forme, au ton et au contenu inhabituels, Pierre-Marie Gautron et Etienne Lichtenberger soulignent qu'il n'est pas impossible que les causes du drame ne soient jamais élucidées. "Comme vous, nous ressentons très difficilement le fait de ne pas savoir ce qui s'est passé et de ne pas comprendre les procédures et les pratiques essentielles de notre métier", ajoutent les deux signataires en demandant de "ne pas céder (...) aux voix les plus extrêmes qui s'expriment avec excès".
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