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Au NPA, "on a connu pire"

Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, Philippe Poutou, stagne autour de 0,5 % dans les sondages. La direction du NPA se déchire et un "courant minoritaire" a vu le jour le 4 novembre 2011. FTVi est allé évaluer le moral des troupes. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste à la présidentielle, le 26 juin 2011 à Paris. (HALEY / SIPA)

Des militants qui rentrent et qui sortent, des piles de tracts et des tas d’affiches. Pas de doute, le 27 rue Taine (12e), local parisien du  Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), est bien un QG de campagne en action. Dans l’espace commun, deux canapés, une table basse. Un militant pianote sur un vieil ordinateur : "Découragé ? Pas du tout ! Aucune raison !"

Ah bon. On s’attendait à les voir abattus par les sondages. Ou bien déprimés par l’ambiance délétère qui règne chez leurs têtes de file, dont une partie a créé un "courant minoritaire" le 4 novembre dernier. Eh bien pas tant que ça.

"Une belle candidature"

Exemple avec leur candidat inconnu, Philippe Poutou, qui, contrairement à son prédécesseur Olivier Besancenot, peine à crever l’écran. "C’est un choix politique, un truc qu’on revendique, assène Guillaume, cheminot et syndicaliste CGT. Il est peut-être inconnu, mais pas pour tout le monde et pas pour les mecs de l’usine Ford Blanquefort", où il a mené la lutte pour la survie du site girondin pendant quatre ans.

"Une belle candidature", renchérit même Léa, 28 ans, dont les yeux brillent à l’évocation de cet ouvrier "tourné vers les luttes". Et ça, ça compte. Alors qu’ils sont consciencieusement en train d’organiser une rencontre entre Philippe Poutou et des collègues de la gare d’Austerlitz, David, cheminot, et Harry, étudiant, confirment : "C’est même un atout pour défendre nos idées."

Tous derrière "les luttes"

Et les idées justement, c’est leur refuge. Si la direction se divise, ça n’est pas leur problème. "On n’a jamais eu autant d’écho", s’enthousiasme Vanessa, cigarette roulée à la main, qui attend une réunion féministe. Et il faut dire que le contexte est porteur. "Quand on distribue un tract en criant 'c’est pas à nous de payer la crise', les gens, non seulement ils nous parlent pas de la direction, mais surtout ils disent 'ouais c’est vrai'", raconte Jean-Baptiste.

Quand on creuse un peu, quand même, ce courant minoritaire qui se constitue en pleine campagne, ça plombe un peu. "Il y a beaucoup de débats internes, c’est vrai, il y a cette ambiance pesante, c’est vrai aussi, finit par reconnaître Jean-Baptiste, mais la motivation, on l’a quand on voit l’accueil de nos idées à l’extérieur."

Même sentiment chez Guillaume : "Qu’en ce moment on soit au creux de la vague, c’est une réalité, mais ce qui est réel aussi, c’est la crise, et elle est porteuse pour nos idées dans un certain nombre de milieux." Et le voici qui embraie sur le programme révolutionnaire et "la nécessité des luttes".

"On n'est pas comme les autres"

Au passage, les militants du NPA en arriveraient presque à revendiquer ces divisions. "Ça fait pas plaisir, d’accord, mais je préfère qu’il y ait des désaccords publics plutôt que de tout cacher." Hochements de tête chez les camarades : "C’est la démocratie", "on n’est pas comme les autres, le petit doigt sur la couture du pantalon""on planque rien, nous !"

Jean-Baptiste poursuit : "Il y a encore des choses qui font l’unanimité au NPA : le fait que le capitalisme n’est pas réformable et qu’il faut un changement total qui vienne du bas." Et même si quelques-uns rient jaune, tous reconnaissent qu’effectivement, quand il s’agit de se mobiliser sur un point précis, il n’y a plus débat.

"Quand on va soutenir une grève, on se pose pas de question, explique Léa. On écrit les tracts ensemble, on les ‘diff’ [diffuse] ensemble." Y compris avec des membres du Front de gauche, pomme de discorde entre les minoritaires, qui souhaitent le dialogue avec Jean-Luc Mélenchon, et la ligne Poutou-Besancenot, qui s’y refuse.

"On n'est pas anti-Poutou"

Du coup, même si beaucoup de minoritaires ne soutiennent pas la campagne, ils ne lui mettent pas des bâtons dans les roues pour autant. Ingrid Hayes, porte-parole du nouveau courant, confirme qu'"il n’y a pas de consigne" et rappelle : "On n’est pas la coordination des anti-Poutou."

Certains minoritaires participent activement à la chasse aux signatures, par exemple, rappellent les anticapitalistes. Et ils ont "connu pire". "Au moins là, ils ne font pas la campagne d’un autre", sourit Jean-Baptiste, qui se souvient de 2007, lorsqu’une partie de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), autour de laquelle s’est construit le NPA, s’était engagée pour José Bové.

La campagne comme catalyseur

"On est plus gros que la LCR, plus implanté", se rassure Guillaume. "Et on n’a pas encore explosé, on est loin de la scission", répète de son côté Jean-Baptiste. De toute façon, pas question de perdre du temps là-dessus pour le jeune homme. Il préconise de convaincre les minoritaires par le terrain. "Comment sortir d’un désaccord ? En faisant une bonne campagne Poutou, avec des milliers de gens qui viennent le voir dans les meetings." Là, les autres seront bien obligés de s’emballer.

"La dynamique de la campagne va tasser tout ça", espère quant à lui Sylvain. Dans le couloir principal du QG, Léa, la féministe, approuve : "En tout cas, ça ne m’empêchera pas d’aller convaincre les gens et de partir tous les week-ends chercher les signatures."

Parce qu’elle est là, la bataille qui les mobilise vraiment. Obtenir les cinq cents signatures nécessaires pour présenter la candidature de Philippe Poutou à la présidentielle. 

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