Bernard Thibault doit être réélu, vendredi, secrétaire général de la CGT pour un quatrième mandat de trois ans
Auparavant, jeudi, le 49e congrès de la CGT réuni à Nantes a approuvé à 78,5% le document l'orientation pour les trois prochaines années. 21,5% des militants ont voté contre. Les abstentions, non comptabilisées dans les suffrages exprimés, se sont élevées à 6,7%.
Au congrès de Lille en 2006, le document d'orientation avait été approuvé à 80,4%.
La CGT est perçue comme le syndicat parvenant le mieux à défendre les intérêts des salariés, selon BVA-Absoluce mardi. 60% des Français font globalement confiance aux syndicats pour défendre les intérêts des salariés, dit ce sondage publié par Les Echos et France Info.
Thibault brigue un 4e mandat
Ce 49e congrès national de la CGT se tient en présence d'un millier de délégués représentant 21.000 sections syndicales. Il doit se conclure par l'élection d'une nouvelle direction, qui sera réduite de 12 à 8 membres. A 50 ans, Bernard Thibault brigue un quatrième et, sans doute, dernier mandat après presque dix ans à la tête de la première centrale syndicale de France.
Pour la première fois, Bernard Thibault et son orientation politique sont ouvertement contestés par un collectif de communistes orthodoxes et de militants d'extrême gauche, "Où va la CGT", formé derrière le responsable de la fédération de la métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, Jean-Pierre Delannoy.
Si celui-ci se présente contre le secrétaire général sortant, sa candidature n'est que symbolique, faute de satisfaire aux exigences statutaires. Les opposants reprochent à la direction de ne pas être assez proche de la base, lors des luttes, notamment à l'usine Continental de Clairoix.
Le vote sur le rapport d'activité, lundi, permettra de jauger l'ampleur des résistances internes à la mutation engagée.
Outre le renouvellement des cadres, l'un des principaux défis du congrès sera de chercher à élargir la base du syndicat, surtout dans des secteurs comme les services, où la CGT peine à s'implanter, alors que ses bastions industriels traditionnels subissent la crise de plein fouet.
Les adversaires de la CGT soulignent que la centrale n'a pu empêcher une "régression sociale sans précédent" depuis 2007. La direction propose de revaloriser le rôle des syndicats territoriaux plutôt que des syndicats d'entreprise, une idée loin de faire l'unanimité.
Pour preuve de l'efficacité de sa stratégie, le secrétaire général met en exergue la performance (33,8%) des élections prud'homales de fin 2008, où la CGT, après une érosion régulière, a de nouveau creusé l'écart avec ses poursuivants. Afin de conforter le succès de cette orientation, le numéro un compte sur la refonte des règles de la négociation sociale en 2008, qui renforce l'influence des syndicats les plus importants.
La CGT est le premier syndicat français en terme de résultat aux élections professionnelles. Mais, avec 654.500 adhérents, elle se trouve derrière la CFDT en matière d'effectifs revendiqués (814.000) et stagne, loin du million visé en 2003.
Thibault se veut combatif
Lundi à Nantes, au 1er jour du congrès, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a présenté la crise, comme "une crise du système capitaliste" qu'"il ne suffit pas de moraliser".
Selon le numéro un de la CGT, qui s'est défendu d'être atteint de "sarkozysme aigu", le "modèle" de Nicolas Sarkozy "tient en trois dimensions : le transfert du risque sur les travailleurs, la socialisation des pertes des entreprises aux frais des contribuables et la privatisation des profits !"
Le secrétaire général de la première centrale syndicale depuis dix ans, a dénoncé "un mouvement général de 'mise au pas' de la justice", il s'en est pris aux réformes du marché du travail qui "visent toujours plus de flexibilité et de précarité pour les salariés et toujours moins de contraintes pour les entreprises".
Il s'est ému "de calculs ou de manoeuvres consistant à présenter les principaux dirigeants syndicaux comme des interlocuteurs privilégiés du chef de l'Etat, quand ce n'est pas comme des serviteurs de sa politique".
"Ces rumeurs (...) visent à instiller le doute sur la loyauté de la direction de la CGT (...) Et puisque quelques militants me font ce procès, alors je vous le dis, je ne suis pas affecté d'un sarkozysme aigu, je me sens vacciné contre cela", a lancé Bernard Thibault, sous des applaudissements nourris.
Il répondait ainsi indirectement à ceux, tels le délégué CGT de Continental-Clairoix Xavier Mathieu, qui lui ont reproché d'être "tout juste bon à frayer avec le gouvernement".
Le numéro un de la CGT a souligné que "le nombre de plans sociaux ne cesse d'augmenter, les salaires, et les pensions sont bloqués quand ils ne reculent pas, les restructurations s'amplifient, les licenciements pullulent, l'austérité budgétaire s'installe".
Contre la crise, M. Sarkozy et le gouvernement "ont présenté quelques rustines, improvisées" et le plan d'urgence pour l'emploi des jeunes est "un flop retentissant", a-t-il ajouté.
A propos de la réforme des retraites prévue en 2010, M. Thibault a pris au mot Nicolas Sarkozy qui a dit vouloir en faire "le marqueur de la volonté de réforme de la majorité". "Nous sommes bien décidés à en faire +le marqueur de la volonté de résistance des salariés face à la mise en cause des garanties sociales", a-t-il répliqué, là encore très applaudi. Il a demandé que la question de la pénibilité au travail "soit réglée avant le rendez-vous retraite de 2010".
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