Accidents de chasse : "On ne peut pas admettre qu'un chasseur avec une arme à la main puisse être en état d'ébriété", juge un sénateur
Alors que le gouvernement réfléchit à encadrer la consommation d'alcool lors de la pratique de la chasse, un rapport du Sénat proposait même son interdiction en septembre. L'un de ses auteurs était l'invité de franceinfo.
"On ne peut pas admettre qu'un chasseur avec une arme dans la main puisse être en état d'ébriété", a réagi dimanche 23 octobre sur franceinfo, Patrick Chaize, sénateur de l'Ain, rapporteur de la "mission conjointe de contrôle sur la sécurisation de la chasse" dont les propositions ont été présentées en septembre.
>> INFOGRAPHIES. Comment ont évolué les accidents de chasse depuis vingt ans ?
Le gouvernement travaille actuellement sur un plan de lutte contre les accidents de chasse et envisage notamment d'instaurer un délit d'alcoolémie, selon les informations de franceinfo. "Je pense que l'on doit aligner ce qui est interdit sur la route à la chasse", abonde le sénateur de l'Ain.
franceinfo : Est-ce que le gouvernement a raison de vouloir créer ce délit d'alcoolémie pour les chasseurs ?
Patrick Chaize : Oui. Je pense qu'aujourd'hui, on ne peut pas admettre qu'un chasseur sur un terrain de chasse avec une arme dans la main puisse être en état d'ébriété. Et pourtant, d'un point de vue juridique, rien ne l'empêche. Je crois qu'il faut effectivement évoluer avec son temps, rassurer aussi les pratiquants de la nature, sans pour cela dire que tous les chasseurs sont alcooliques. Ce n'est pas du tout le propos. Je considère qu'effectivement, on peut considérer qu'une voiture peut être une arme par destination. Là, on a une arme qui est une vraie arme donc a minima je pense que l'on doit aligner ce qui est interdit ou autorisé sur la route à la chasse.
L'alcool peut être en cause dans une minorité d'accident écrivez-vous dans votre rapport…
Oui, c'est beaucoup moins que sur la route. C'est 9% à la chasse, 23% sur la route. Vous voyez, ce n'est pas le sujet primordial. Mais globalement, je pense que psychologiquement, d'un point de vue moral, cela paraît quand même important de pouvoir éliminer les quelques brebis galeuses qui restent à la chasse.
Si l'idée du gouvernement est de calquer ce délit sur celui qui figure dans le Code de la route, cela voudrait-il dire que des gendarmes seraient déployés sur le terrain pour dresser des contraventions ?
Oui, tout à fait, c'est le principe. Il faut la mesure de contrôle et la mesure de sanction. Il faudrait que les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB), chargé de la police de la chasse puissent intervenir, mais aussi les gendarmes et pourquoi pas les polices municipales.
Quelles sont les autres pistes poursuivies par le gouvernement pour lutter contre les accidents de chasse ?
Sans aucun doute : l'harmonisation des règles de sécurité. Dans le travail que nous avons mené, on s'est rendu compte que les règles de sécurité imposées aux chasseurs n'étaient pas les mêmes d'un département à l'autre. Et pourtant, les accidents et le type d'accidents relevés sont assez caractéristiques. Par exemple, il y a plus d'un accident sur trois qui sont dus au non-respect de l'angle de 30 degrés. C'est une mesure de protection des personnes qui sont aux alentours, mais aussi des chemins ou des habitations qui se trouvent à proximité de la zone de chasse. Cette règle a acquis une efficacité certaine permettant d'éviter les ricochets et donc les accidents n'est pas dans tous les schémas départementaux de gestion cynégétique, qui sont la bible des règles de chasse dans chaque département. Je propose donc qu'elle soit généralisée et qu'elle soit intégrée de fait dans les règles nationales de sécurité.
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