: Reportage Pour les chasseurs, des contrôles d'''état d'ivresse manifeste" mais pas de test d'alcoolémie
Lors d'une chasse au gros gibier, et notamment aux sangliers, près de Bar-sur-Aube, dans l'Aube, un agent de l'Office français de la biodiversité (OFB) et un gendarme procèdent à des "contrôles" : "On va regarder votre permis de chasse monsieur, s'il vous plaît. Est-ce que vous avez consommé de l'alcool ce matin ?"
Au début de l'année, pour réduire le nombre d'accidents de chasse, le gouvernement a présenté un plan. S'il a renoncé à interdire la chasse le dimanche, l'une des mesures prises concernait l'alcoolémie. Un décret a été publié le 17 septembre stipulant que les chasseurs contrôlés en "état d’ivresse manifeste" s’exposaient à une contravention de 5ᵉ classe.
Le chasseur contrôlé près de Bar-sur-Aube assure n'avoir pas bu d'alcool. "Dans les chasses que je pratique, c'est plutôt respecté. Les gens boivent beaucoup moins. Les anciens avaient toujours l'habitude de boire la petite goutte le matin mais ça ne se voit plus", explique-t-il.
Il n'y a pas de contrôle d'alcoolémie car aucun seuil n'a été inscrit dans la loi. Le gendarme Corentin doit donc simplement constater si le chasseur est ou non en "état d'ivresse manifeste" : "Par exemple l'haleine qui sent fortement l'alcool, une personne qui titube, le comportement d'une personne qui aurait abusé de la boisson alcoolisée. C'est une contravention de 5è classe punie de 1 500 € d'amende".
Depuis que le décret a été publié, personne ne peut indiquer si un seul chasseur a déjà été verbalisé. Cette mesure est plutôt bien reçue par les premiers concernés, même si "on prend les chasseurs pour des alcooliques", estime Dany Gracia, président de la société de chasse d'Ailleville / Arrentières. "Il ne faut plus qu'on boive, poursuit-il. On boit un petit verre et c'est tout".
"S'il y a un accident, qu'on blesse notre collègue ou un promeneur, et qu'on a deux ou trois degrés dans le sang, ce n'est pas bon. Alors on respecte."
Dany Gracia, président de la société de chasse d'Ailleville / Arrentièresà franceinfo
Le but n'est donc pas forcément de verbaliser mais plutôt de faire passer ce message : pas d'alcool pendant la chasse pour limiter les accidents. "Les chasseurs ont beaucoup évolué au niveau sécurité, ce qui est une bonne chose et ça se voit quand on regarde le nombre d'accidents de chasse. Dans les années 2000, il y avait 200 incidents et accidents relevés par an. L'année dernière, il y a eu 80 incidents et accidents dont six mortels. Ce qui fait à peu près 60 % de baisse par rapport aux années 2000", indique Patrick Plouviez, agent de l'OFB, inspecteur de l'environnement.
Sur les 80 accidents recensés l'an dernier, 9 % des chasseurs étaient sous l'empire de l'alcool.
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