"Aujourd'hui, la majorité des Corses n'aspire pas à l'indépendance, mais elle aspire à l'autonomie", assure le maire de Bastia
Pierre Savelli ne juge pas nécessaire de convoquer "un référendum local sur l'autonomie".
Pierre Savelli accueille avec satisfaction les propositions du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, présent en Corse depuis mercredi, et qui s'est dit "chargé" par Emmanuel Macron "d'avancer vers l'autonomie de l'île de beauté". "Aujourd'hui, la majorité des Corses n'aspire pas à l'indépendance, elle aspire à l'autonomie", affirme jeudi 17 mars sur franceinfo le maire nationaliste de Bastia. Gérald Darmanin s'est également engagé à un rapprochement des détenus corses mais le ministre de l'Intérieur a prévenu qu'il y avait un préalable à la mise en aplication de ses promesses : le retour au calme.
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franceinfo : Pour y parvenir, le gouvernement se dit prêt à un geste d'humanité avec le transfèrement dans le centre pénitentiaire de Borgo d'ici l'été des deux complices d'Yvan Colonna : Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, selon les informations de franceinfo. Qu'en pensez-vous ?
Pierre Savelli : On parle d'un geste d'humanité mais c'est juste l'application du droit. De mémoire, je crois qu'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri sont rapprochables depuis 2007 et libérables depuis 2016. Donc c'est juste l'application du droit mais c'est une excellente nouvelle, c'est un vrai soulagement pour l'ensemble des Corses et particulièrement pour les familles d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. De nombreux lycéens bloquent les lycées de manière tout à fait pacifique. Ils ne demandent plus qu'une chose, c'est d'avoir un délai pour déterminer quand Alain Ferrand, Pierre Alessandri, et les autres prisonniers parce qu'il y en a d'autres, seront rapprochés, d'ici au mois de juin, par exemple. C'est sûr que si c'était plus tôt ce serait mieux, mais quoi qu'il en soit, on sait qu'il y a des contraintes qui ne pourront pas permettre un rapprochement plus rapide.
Les rendez-vous sont pris pour définir ce que doit être cette autonomie de la Corse, faudra-t-il à terme un référendum local sur cette question ?
Je ne pense pas qu'il faille un référendum local sur l'autonomie. Peut-être sur le niveau d'autonomie mais la Corse a de nombreuses spécificités géographiques, historiques, économiques, sociales, sociologiques et culturelles. Ce statut d'autonomie lui permettrait de répondre de façon précise à toutes les problématiques qui découlent de ces spécificités et auxquelles les lois applicables sur le territoire ne peuvent pas répondre aujourd'hui.
"Elle a déjà des outils mais il faut savoir aussi que chaque fois que la Corse veut utiliser ces outils, il y a toujours un niveau, que ce soit au Sénat ou au niveau du Conseil constitutionnel, où on lui dit : 'Niet. Ça ne marche pas'."
Pierre Savelli , maire de Bastiaà franceinfo
Donc il faut qu'on ne puisse pas opposer à chaque fois aux outils dont la Corse dispose et aux futurs outils dont la Corse disposera, le vote ou la décision du Conseil constitutionnel.
On entend certains critiquer aussi pour dire que l'autonomie, c'est forcément une première étape vers l'indépendance ?
C'est une vision très française, je dirais même jacobine de la problématique. Parce que vous savez que toutes les îles de Méditerranée, que ce soit italiennes, portugaises ou autres, bénéficient toutes d'un statut d'autonomie et que ça ne conduit pas nécessairement à l'indépendance. Ensuite, quand on parle de liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes, peut-être que ça se fera un jour, mais aujourd'hui, la majorité des Corses n'aspire pas à l'indépendance : elle aspire à l'autonomie.
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