Cet article date de plus de six ans.

Visite de Jacqueline Gourault en Corse : "Le gouvernement est pour l'instant à côté de la plaque", estime Gilles Simeoni

Alors que le gouvernement subit actuellement la fronde de plusieurs collectivités locales à cause des baisses de financement, Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, évoque sur franceinfo "un véritable déni de démocratie".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Gilles Simeoni, au sortir de l'hôtel de Matignon, le 2 juillet 2018. (GERARD JULIEN / AFP)

"Le gouvernement est pour l'instant à côté de la plaque", a déclaré dimanche 30 septembre sur franceinfo, Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, alors que le gouvernement subit actuellement la fronde de plusieurs collectivités locales à cause des baisses de financement et que la révision constitutionnelle - censée faire apparaître le statut particulier de la Corse dans la Constitution - est repoussée à la fin de l'année.

Ce lundi et ce mardi, Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur - et surnommée "madame Corse" au gouvernement - est en visite en Corse pour une réunion sur l'énergie avec le ministère de la Transition écologique et solidaire. L'occasion pour Gilles Simeoni de lui faire part de son "inquiétude" et son "exaspération" : "On est sur une proposition de révision constitutionnelle concernant la Corse qui est très en-deçà des besoins et de ce qui avait été voté à une très large majorité par l'assemblée de Corse [...] Nous sommes confronter à un véritable déni de démocratie."

franceinfo : Est-ce que la région que vous dirigez s'associe au mouvement des autres départements, régions et maire de grandes villes qui dénonce de la part de l'Etat du mépris ou une forme de double langage ?

Gilles Simeoni : Nous sommes parfaitement solidaires d'une fronde qui est exprimée non seulement par les régions mais également par les départements et les communes. Pour tout ce qui est tronc commun des compétences entre les régions de droit commun et la Corse, effectivement nous faisons le même constat. Chez nous ça prend une dimension supplémentaire et particulière parce que la question corse reste une question fondamentalement politique avec des dimensions économiques, sociales et culturelle fortes. De ce côté-là comme pour le reste, jusqu'à aujourd'hui, le gouvernement et le président de la République n'ont rien voulu entendre et surtout n'ont pas voulu engager un véritable dialogue avec la Corse et ses élus. Une situation de véritable mépris de la démocratie et notamment du suffrage universel tel qu'il s'est exprimé en décembre dernier.

Avez-vous envie de faire passer des messages à Jacqueline Gourault ?

Le message il est très clair. J'ai le plus grand respect pour madame Gourault mais vous disiez que c'est "madame Corse" mais ce n'est pas le cas. Madame Gourault est peut-être madame Alsace mais pour qu'elle soit madame Corse, il aurait fallu qu'elle ait un cadre politique clair, une mission claire, des prérogatives et la capacité de venir au nom du gouvernement et de l'Etat, ouvrir une véritable perspective politique, ce qui n'est pas le cas et qui n'a jamais été le cas. Et malheureusement cette visite, qui se limitera à quelques approches de terrain et qui ne seront suivies d'aucunes décisions fortes, n'aura pas de lendemain.

Les débats parlementaires sur la prochaine révision constitutionnelle prévus en juillet ont été repoussés à fin décembre début janvier en raison de l'affaire Benalla. Il vous faut donc encore attendre pour voir apparaître le statut particulier de la Corse dans la Constitution. Considérez-vous toujours que cet article, tel qu'il est présenté, est vidé de sa substance ?

Tout à fait. Indépendamment des contraintes de calendrier pour l'instant on est en dehors de ce qu'il faudrait faire. On est sur une proposition de révision constitutionnelle concernant la Corse qui est très en-deçà des besoins et de ce qui avait été voté à une très large majorité par l'assemblée de Corse. On est très loin d'un véritable statut d'autonomie qui est la règle et le droit commun pour toutes les îles de Méditerranée, donc - y compris sur le plan institutionnel mais pas seulement - le gouvernement est pour l'instant à côté de la plaque. L'inquiétude est en train de se muer en exaspération voire en colère car nous sommes confrontés à un véritable déni de démocratie. Nous nous faisons ce que nous avons à faire, il faudrait que l'Etat soit aussi à la hauteur.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.