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Dans la Meuse, des centaines de campeurs contre un projet d'enfouissement de déchets radioactifs

Les activistes anticapitalistes se défendent de vouloir créer une nouvelle Zad, comme à Notre-Dame-des-Landes ou à Sivens. Reportage. 

Article rédigé par Ilan Caro - Envoyé spécial dans la Meuse
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Sur le bord de la route, une tente accueille les visiteurs du camp du collectif VMC, dans la Meuse, le 1er août 2015. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Du bord de la petite route de campagne, on aperçoit quelques tentes et le toit d'un chapiteau. C'est là, sur une parcelle tout en longueur, nichée entre les champs, qu'un collectif d'altermondialistes a installé son campement. Le lieu n'a pas été choisi au hasard. A seulement quelques kilomètres de là, sur la commune de Bure (Meuse), est installé un laboratoire souterrain de l'Andra, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui étudie la faisabilité d'enfouir des déchets hautement radioactifs dans cette zone à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne.

Le camp "autogéré", installé samedi 1er août, doit être levé le 10 août. "Chaque jour, une centaine de personnes arrive. On approche bientôt du millier", assure un responsable. Dans les allées, où francetv info a été autorisé à pénétrer, on entend parler français, allemand, anglais… "Il y a des gens de toute l'Europe ! D'ailleurs, toutes les interventions sont traduites en trois langues", racontent les quelques campeurs appartenant à la cellule "médias", les seuls habilités à communiquer (anonymement) avec la presse.

"Faire tomber le capitalisme"

A leurs côtés, une vingtaine d'autres commissions gère le quotidien : hygiène, santé, électricité, etc. Au milieu du camp, deux chapiteaux accueillent discussions et débats, dont les thèmes dépassent largement Cigéo, le projet contesté. Au programme de ce mardi pluvieux d'août : la question des migrants à Calais, mais aussi une "assemblée internationale contre la répression".

Sur une route près de Bure (Meuse), le 4 août 2015. (ILAN CARO / FRANCETV INFO)

Ce "camp international de rencontres et d'actions", préparé depuis un an, réunit aussi bien des antinucléaires que des militants anticapitalistes. "Nous avons en commun la détermination à faire tomber le capitalisme et toute forme de gouvernement autoritaire", affiche le collectif VMC (Vladimir, Martine & Co) sur son site internet. Un nom choisi en hommage à Vladimir Martynenko, le conducteur de la déneigeuse à l'origine de l'accident d'avion qui a coûté la vie au PDG de Total, Christophe de Margerie, en octobre 2014.

Zad ou pas Zad ?

L'organisation rappelle celle d'autres campements montés sur des Zones à défendre (Zad), comme à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), au barrage de Sivens (Tarn) ou au Center Parcs de Roybon (Isère). Mais ici, "ce n'est pas du tout une Zad", clament les campeurs. Le terrain n'est pas directement concerné par le projet d'enfouissement des déchets. Surtout, il est mis gracieusement à disposition par ses propriétaires, pour les besoins de la lutte. Et les campeurs le répètent : ils quitteront les lieux le 10 août.

Sur une route près de Bure (Meuse), le 4 août 2015. (ILAN CARO / FRANCETV INFO)

De bonnes intentions qui ont convaincu le préfet de ne faire étalage que d'une présence discrète des forces de l'ordre aux abords du camp. Malgré quelques contrôles routiers ici et là, "les gendarmes ne jouent pas la tension", se félicitent les organisateurs du rassemblement. Mais pas forcément de quoi rassurer les élus quant à la suite des événements.

Un amendement passé en catimini

"Tant qu'ils restent sur ce terrain, il n'y a pas de problème", reconnaît le maire de Gondrecourt-le-Château, commune sur laquelle est situé le campement. Mais l'édile craint que "la frange la plus radicale" ne reste dans la région pour mener d'autres actions contre le projet d'enfouissement de déchets nucléaires.

Devant le site du laboratoire de l'Andra, à Bure (Meuse), le 4 août 2015. (ILAN CARO / FRANCETV INFO)

Quoi qu'il arrive, cet activisme pourrait bien venir donner un nouveau souffle à un combat qui, sur le terrain, dure depuis 1994. Les opposants au projet sont d'autant plus remontés qu'un amendement adopté en catimini dans la loi Macron début juillet (sans vote, grâce au 49.3), ouvre la voie à "la mise en place d'une phase industrielle pilote, durant laquelle les solutions mises en œuvre seraient testées in situ". Un texte qui autorise donc des enfouissements de déchets à des fins expérimentales.

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