Claude Guéant répond à la polémique sur le halal, gauche et droite minimisent
Le ministre de l'Intérieur s'est rendu à Marseille lundi en pleine polémique sur la viande halal. Samedi, Nicolas Sarkozy a proposé d'étiqueter les viandes selon les méthodes d'abattage, rituelles ou non.
Après Marine Le Pen, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a remis la viande halal au menu de la campagne présidentielle. Invité de RTL lundi 5 mars, il a assuré que "l'islam" n'était "pas du tout une obsession" pour lui. Vendredi, il avait ravivé la polémique sur la viande halal en établissant un lien entre vote des étrangers aux élections locales et la présence dans les cantines scolaires de viande abattue selon le rite musulman.
A Marseille, des élus PS à table dans le plus vieux restaurant halal
En visite à Marseille pour dresser le bilan de la lutte contre la délinquance dans la cité phocéenne, Claude Guéant a confirmé ses déclarations. "L'école, c'est le temple de la laïcité", a-t-il argué. "Nous ne voulons pas que les menus qui obéiraient à des préceptes religieux voient le jour à l'école. Il y a un risque communautariste si des élus municipaux étrangers sont élus", a-t-il poursuivi. Il s'est défendu d'attaquer la fillière halal dans son intégralité, à l'instar de Marine Le Pen. "Je n'ai rien contre les boucheries halal. Je veux juste interdire d'introduire dans les écoles des pratiques qui ne correspondent pas aux valeurs de la laïcité", a précisé le ministre.
En guise de protestation, Patrick Mennucci, maire PS du 1er secteur de Marseille (1er et 7e arrondissement), entouré d'autres élus, a déjeuné dans le plus vieux restaurant halal de Marseille, le Femina, situé dans le 1er arrondissement. Il a par ailleurs refusé d'accompagner le ministre de l'Intérieur dans les rues de la ville du d'autres élus socialistes, selon 20 Minutes.
François Fillon critique des "traditions ancestrales"
Alors que ces propos ont divisé la droite ce week-end, rappelle Le Nouvel Obs, François Fillon n'a pas désavoué son ministre, lundi matin sur Europe 1."C'est moi qui ai défendu au Sénat la position du gouvernement et de la majorité contre la proposition des socialistes qui voulaient introduire le droit de vote des étrangers aux élections locales", a fait valoir le Premier ministre. "Nous sommes contre la citoyenneté à plusieurs vitesses, nous sommes contre le communautarisme", a-t-il ajouté, sans condamner le lien entre le vote des étrangers et l'introduction obligatoire de viande halal dans les cantines.
A titre personnel, il a par ailleurs estimé que les religions devraient "réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, de la technologie, les problèmes de santé". "On est dans un pays moderne, il y a des traditions qui sont des traditions ancestrales, qui ne correspondent plus à grand-chose". "Cependant, ce n'est pas le jour et pas le moment d'engager ce débat", a-t-il conclu.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Richard Prasquier s'est alors dit "choqué" par la déclaration "stupéfiante" de François Fillon.
François Hollande : le halal, "pas un enjeu majeur"
Interrogé sur la polémique dès son arrivée à Nancy, le candidat PS à l'Elysée, en déplacement sur le thème de la recherche, a d'abord dû s'exprimer sur la polémique. "Franchement nous sommes dans une campagne présidentielle. Nous avons des enjeux majeurs" comme "la capacité de la France à se redresser et on viendrait faire une campagne sur la viande halal parce que Mme Le Pen en a parlé".
"Il y aurait une espèce de surenchère ?", s'est insurgé le candidat PS, accompagné notamment du député Jack Lang et de l'eurodéputé Vincent Peillon. "J'ai trop de respect pour la filière viande, trop de souci pour le consommateur pour jeter un doute sur la consommation de notre viande", a-t-il poursuivi. "Ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de problème", a relevé François Hollande."Le problème devra être réglé avec le souci de la concertation et de la sécurité alimentaire. C'est le seul débat". Dans ce sens, "il y aura une concertation à avoir avec les professionnels sur les conditions d'abattage des bêtes", a poursuivi le député de Corrèze. Mais "ce n'est pas aujourd'hui le sujet sur lequel nous devons débattre".
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