Et si le PS perdait la majorité absolue à l'Assemblée ?
Après la victoire de l'UMP et de l'UDI lors de deux élections législatives partielles, la majorité absolue ne tient plus qu'à un fil.
L'étau se resserre pour les députés PS : en juin 2012, ils étaient 297. Un an plus tard, ils ne sont plus que 292, frôlant le seuil de la majorité absolue fixé à 289 députés. La majorité socialiste a subi dimanche 9 juin un revers lors d'élections législatives partielles des Français de l'étranger.
Le très sarkozyste Frédéric Lefebvre (UMP) fait son retour et le vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Meyer Habib (UDI), fait son entrée dans l'hémicycle. Dans les deux cas, les scrutins étaient organisés pour remplacer des députées socialistes élues en juin 2012 dont les comptes de campagne ont depuis été invalidés, entraînant leur inéligibilité pour un an.
292, un chiffre fragile
Actuellement, trois sièges sont encore concernés par des élections législatives partielles (deux sièges pour les Français de l'étranger et celui de Jérôme Cahuzac dans le Lot-et-Garonne). Ils sont vacants et déjà retirés, au moins temporairement, au groupe socialiste, qui est tombé à 292. Ces scrutins doivent se tenir les 16 et 23 juin. Si le groupe PS subit de nouvelles défaites sur l'ensemble de ces trois partielles, il restera toutefois à 292. La députée des Bouches-du-Rhône Sylvie Andrieux, condamnée pour détournement de fonds publics, a été exclue du groupe socialiste. Même si elle a fait appel, elle ne compte désormais plus dans les 292.
Mais d'autres risques planent sur la majorité absolue fragile des socialistes. Interrogé lundi par Europe 1 sur les chances pour le PS de conserver la majorité absolue durant le quinquennat de François Hollande, Thierry Mandon, député PS de l'Essonne, répond : "Non, nous ne sommes pas sûrs... Il y a encore une petite marge, y compris s'il nous arrivait un accident dans le Lot-et-Garonne, nous aurions encore la majorité absolue."
2014 dans le viseur
Les municipales de 2014 pourraient se révéler dangereuses pour la majorité PS car certains députés pourraient souhaiter appliquer le non-cumul des mandats et être maire à temps complet. Une démission qui provoquerait de fait une élection législative partielle. "On leur expliquera que ce n'est pas le moment de provoquer des partielles", réplique à L'Express.fr Bruno Le Roux, qui dirige le groupe PS de l'Assemblée nationale.
Radicaux et écolos se frottent les mains
Et si le PS perdait sa majorité absolue ? Le gouvernement pourrait toutefois continuer à gouverner, mais différemment. "Les deux dernières expériences gouvernementales de la gauche, 1988-1993 et 1997-2002, nous n'avions qu'une majorité relative, ça ne nous a pas empêchés de réformer le pays...", relativise Thierry Mandon. De fait, le PS sera contraint de gouverner avec ses alliés écologistes (17 sièges) et radicaux de gauche (16 sièges).
Ces derniers se frottent déjà les mains, espérant infléchir la politique du gouvernement. "Je ne serais pas malheureux que le PS n'ait plus la majorité absolue, indiquait Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche, au Figaro. En effet, toute situation hégémonique engendre, par nature, des comportements forts à l'encontre des alliés de la majorité. Or dans la vie publique il est souhaitable de tenir compte de toutes les opinions et surtout d'écouter ses amis." Quant aux écologistes, après avoir haussé le ton contre le gouvernement, ils ont voté unanimement contre le texte sur l'enseignement supérieur le 28 mai. Le gouvernement devra donc négocier avec ses alliés pour faire voter ses lois.
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