Agression de deux fillettes dans le Bas-Rhin : "Avant de parler, il s'agit de beaucoup écouter les enfants qui vont spontanément poser des questions", explique un psychiatre

La cellule médico-psychologique pour les enfants de Souffelweyersheim va rester ouverte pendant les vacances, qui débutent vendredi soir dans l'académie de Strasbourg. Dominique Mastelli, médecin psychiatre, est responsable de cette cellule.
Article rédigé par franceinfo
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L'entrée de l'école de Souffelweyersheim (Bas-Rhin) où deux fillettes ont été agressées par un homme le 18 avril 2024. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Pour tous les enfants qui "ont pu voir, vivre les choses, qui peuvent être angoissés par cela, se poser des questions". Une cellule médico-psychologique va être "présente dans les différents établissements du quartier" au lendemain de l'agression de deux petites filles à Souffelweyersheim, jeudi 18 avril. Les enfants de 7 et 11 ans ont été attaquées au couteau à l'extérieur de leur établissement scolaire par un individu présentant des antécédents psychiatriques.

Les familles, enseignants et élèves pourront "demander des consultations individuelles ou de petits groupes" pendant les vacances qui débutent vendredi soir dans l'académie, a indiqué sur franceinfo Dominique Mastelli, médecin psychiatre et responsable de cette cellule.

franceinfo : A qui s'adresse cette cellule médico-psychologique ?

Ce sont ici des enfants qui ont vu, qui ont vécu des choses difficiles, qui peuvent les impacter, qui peuvent, à l'extrême, les traumatiser. Ils relèvent d'une prise en charge, immédiate pour certains, pour être évalués, orientés sur les bonnes filières de soins ou éventuellement revus a posteriori. C'est pour cela qu'après l'intervention immédiate, il y aura une intervention de suite le lendemain, aussi longtemps que ce sera nécessaire.

Quel traumatisme cela peut engendrer chez les enfants, et peut être aussi éventuellement chez les parents ?

Ces enfants ont pu voir vivre les choses, ont pu être angoissés par cela, peuvent se poser des questions, cherchant du sens à ce qui s'est passé, interrogeant leurs parents. Mais ça peut être aussi les parents qui ont été inquiets, qui n'ont pas eu nouvelles pendant un moment, qui ont pu redouter quelque chose pour leur enfant... Ils ont besoin de les accueillir dans de bonnes conditions pour les rassurer au retour à domicile, pour être à leur écoute, pour être vigilants et attentifs à ce que leur sommeil soit bon et répondre à toutes leurs questions. Et s'ils ne peuvent pas répondre et sont en difficulté, ils vont peut-être venir d'eux-mêmes ou avec leur enfant, venir à la cellule d'urgence médico-psychologique.

Et comment parler avec les enfants ? Comment leur expliquer ?

Avant de parler, il s'agit de beaucoup écouter, parce que les enfants vont spontanément poser des questions. S'ils rencontrent un adulte qui est ouvert à entendre ce qu'ils ont vécu, ce qu'ils ont ressenti, ils vont le montrer. Ils vont l'exprimer parfois d'une manière orale, parfois sous la forme de dessins ou de jeux. L'important, c'est que l'adulte soit ouvert, attentif, pour répondre aux questions en fonction de l'âge de chacun. Puisqu'évidemment une enfant qui est en primaire, qui est plus âgée, va se poser les questions différemment, et va relever évidemment d'une explication des parents, mais aussi des enseignants, de la fonction protectrice de l'école, de la police qui est intervenue, pour qu'ils puissent ensuite retourner à l'école en toute sécurité et en toute quiétude.

Et comment détecte-t-on d'éventuelles séquelles justement chez les enfants qui ont vécu ce type d'événement ?

Avant de parler même de séquelles, on parle d'abord de signes immédiats. Il y a des signes physiologiques qui montre qu'un enfant va être angoissé, va peut-être changer un peu son comportement, va avoir peut-être des difficultés à s'endormir la première nuit, peut être de nouveau avoir de l'énurésie, c’est-à-dire faire de nouveau pipi au lit, ou d'autres signes qui peuvent être des points d'appel et qui nécessitent une consultation médico-psychologique. C'est pour cela que l'on remet des supports aux enseignants, mais aussi aux parents, pour connaître les signes qui sont des réponses physiologiques des enfants au stress, mais aussi de repérer les signes qui peuvent être des points d'appel et qui nécessitent une consultation.

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