Mulhouse : le conservateur d'un musée accusé de vols dans son propre musée

Le Musée de l'Impression sur Étoffes va récupérer 76 foulards Hermès qui lui ont été dérobés il y a cinq ans. Au total, ce sont des milliers de pièces qui ont été volées et le principal suspect de ces vols n'est autre que l'ancien conservateur du musée.
Article rédigé par franceinfo
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Le Musée de l'Impression sur Étoffes à Mulhouse, le 9 mars 2021. (DAREK SZUSTER / MAXPPP)

Le Musée de l'Impression sur Étoffes (le Mise) à Mulhouse s'est vu dérober, en 2018, des milliers de pièces de collection et notamment, plus de 200 foulards Hermès anciens. Le principal suspect de ces vols n'est autre que l'ancien conservateur du musée lui-même. L'homme, désormais mis en examen dans cette affaire, est soupçonné de s'être servi dans les collections pour revendre les œuvres sur internet. Lundi 18 décembre, 76 foulards Hermès, retrouvés un peu partout en Europe par les enquêteurs, sont restitués au musée.

Cette affaire a démarré en avril 2018. Le directeur du musée de l'époque reçoit alors un coup de fil d'une maison de ventes parisienne qui lui explique avoir été contactée pour mettre en vente deux vases Gallé du XIXè siècle. Chacun d'entre eux a une valeur comprise entre 100 000 et 300 000 euros. Le problème, c'est que ces vases ne sont pas censés être à Paris mais bien dans la réserve du musée à Mulhouse. 

Le directeur s'aperçoit alors du vol de centaines de pièces de collection dont plus de 200 foulards Hermès et plus de 3 000 livres industriels d'étoffes. Une plainte est immédiatement déposée et une enquête ouverte, confiée à la police judiciaire de Mulhouse et à l'Office central de lutte contre les trafics de biens culturels (OCBC). 

Des objets revendus jusqu'aux États-Unis

Les enquêteurs parviennent rapidement à remonter jusqu'à un suspect qui n'est autre que le conservateur du musée. En contactant la personne qui avait mis en vente les deux vases Gallé, les enquêteurs s'aperçoivent que ces vases ont été sortis et vendus par le conservateur du musée lui-même. Il est aujourd'hui mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Contacté par franceinfo, son avocat explique qu'il reconnaît un certain nombre de vols, mais pas la totalité. 

Les pièces ont ensuite été vendues sur internet en France, en Angleterre et même, aux États-Unis. "Ces reventes se faisaient par eBay, de personne à personne", explique Hubert Percie du Sert, le patron de l'OCBC qui a enquêté sur cette affaire.

"Toutes nos investigations ont permis de retracer le schéma de revente avec des gains assez importants, parfois de dizaines de milliers d'euros."

Hubert Percie du Sert, patron de l'OCBC

à franceinfo

"La personne les revendait au-dessus du prix du marché et les revendait à des collectionneurs qui connaissaient la valeur du foulard. C'est pour ça qu'ils se vendaient facilement", poursuit-il.

Les enquêteurs ont donc réussi à remettre la main sur 76 foulards Hermès dérobés, qui seront donc restitués lundi 18 décembre au musée de Mulhouse. "On les a retrouvés en fonction des différents acheteurs qui étaient entrés en contact par eBay avec le voleur. Parfois un par un. Et puis, on en a retrouvé certains par lots. On en restituera probablement d'autres au regard des recherches qui vont se poursuivre", indique le patron de l'OCBC. 

Malgré tout, retrouver tout ce qui a été volé s'annonce difficile. Sur les 219 foulards Hermés volés, il en reste environ une centaine à retrouver. Pour les livres d'étoffes, c'est même pire puisque sur les 5 000 qui composaient la collection du musée, plus de 3 000 ont été volés et n'ont jamais été retrouvés. 

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