Gangs venus du Brésil, autonomie territoriale et "rayonnement"... En Guyane, Emmanuel Macron veut faire oublier son dernier passage
Une semaine à plus de 8 000 km de Paris pour Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat entame lundi 25 mars une visite de deux jours en Guyane, un département français en proie à de nombreuses difficultés. Le chef de l'Etat est attendu à Cayenne, après une première visite en octobre 2017, restée dans les annales, où il avait dit ne pas être "le Père Noël car les Guyanais ne sont pas des enfants", en réponse à une question sur la création d'un hôpital.
Cette petite phrase, lâchée six mois après une grève générale qui avait paralysé la Guyane, est ancrée dans la mémoire collective des Guyanais qui ont voté à 60% pour Marine Le Pen face à Emmanuel Macron à la dernière élection présidentielle. "Un territoire de paradoxes", se souvient l’Elysée. Reste que la Guyane est un territoire moins en crise que Mayotte, mais très pauvre, en proie à toutes les difficultés : gangs, trafics de drogue, orpaillage illégal.
"La situation sera catastrophique d’ici 5 ans"
On y trouve ainsi la présence du Comando Vermelho, organisation criminelle brésilienne qui se consacre principalement au trafic d’armes et de drogue, mais aussi des gangs aux acronymes synonymes de terreur : PCC, APS, FTA… Tous viennent principalement de l’Amapa, état frontalier de la Guyane, et considéré comme le plus dangereux du Brésil. Ces gangs se sont développés dans les prisons brésiliennes, regroupés avec leurs codes habituels - tatouages, actes d’allégeance - et une hiérarchie bien rodée avec des donneurs d’ordre, des hommes de main, des guetteurs, et arrivés en Guyane, il y a près de 7 ans. Ces organisations font aussi régner la loi dans la prison de Remire-Monjoly à côté de Cayenne, avec des chefs qui dirigent leur organisation depuis leur cellule, après plusieurs coups de filet récents. Mais attention, prévient un fin connaisseur du dossier : "Ces gangs sont en conquête de territoire, si on n’endigue pas le phénomène, la situation sera catastrophique d’ici 5 ans".
Une lutte des forces de l'ordre compliquée dans ce département aussi grand que le Portugal, quasi exclusivement recouvert par la forêt primaire. Ce déplacement présidentiel intervient aussi un an jour pour jour après la mort, le 25 mars 2023, d'un gendarme du GIGN, Arnaud Blanc, dans une opération contre l'orpaillage illégal, et 60 ans après la création du centre spatial guyanais, annoncée par le général de Gaulle le 21 mars 1964 à Cayenne.
Ainsi, après une excursion à Camopi, au sud-est, Emmanuel Macron est attendu mardi à Kourou, là où est assemblée la fusée Ariane 6. Son message : "faire rayonner la Guyane", que le chef de l’Etat, encore jeune candidat, avait alors qualifiée d'"île". Sept ans après, c’est comme s’il avait quelque chose à se faire pardonner, avant une visite d’Etat de trois jours au Brésil.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.