: Vidéo Tunnel sous la Manche : ce que l'on sait de l'intrusion inédite d'une centaine de migrants

"C'est du jamais vu auparavant", assure Eurotunnel. Une intrusion concertée d'une centaine de migrants a paralysé le trafic, pendant toute la nuit du vendredi 2 au samedi 3 octobre, dans le tunnel sous la Manche. Les migrants ont réussi à parcourir 15 km dans le tunnel, avant d'être repris. Francetv info revient sur ces faits inédits.

Comment se sont-ils introduits dans le tunnel ?

Vers minuit, environ 200 migrants ont formé une brèche de près de 30 mètres dans l'une des nombreuses barrières sécurisant le site. "Il n'y avait qu'une seule voiture de police", qui a fait retentir sa sirène, sans parvenir à dissuader les intrus, selon un témoin de la scène rencontré par France 2. "Les policiers ne pouvaient rien faire, tout le monde est entré."

Les migrants ont ensuite "couru à travers le terminal, plaquant au sol certains membres du personnel et lançant sur eux des pierres", selon un porte-parole d'Eurotunnel. Certains ont été contenus par des agents de sécurité, mais plus d'une centaine ont pu s'engouffrer dans le tunnel. "On a eu des migrants manifestant une certaine agressivité, a indiqué la préfecture. D'habitude ils reculent devant les forces de l'ordre, là ils voulaient passer, ils étaient 113."

Comment s'est déroulée l'évacuation ?

Une fois dans le tunnel sud, les migrants ont parcouru une quinzaine de kilomètres, soit près d'un tiers de la longueur totale du tunnel. "Les forces de l'ordre ont été acheminées en véhicule par un tunnel de service pour les contenir au km 15, où se trouve un point de jonction entre les différents tunnels", a expliqué une porte-parole d'Eurotunnel. Un face-à-face s'est alors engagé avec les gendarmes, qui ont réussi à empêcher la progression des migrants, avant de procéder à 23 interpellations.

Deux gendarmes et quatre migrants ont été légèrement blessés durant l'opération, selon la préfecture. L'un des gendarmes va bénéficier de cinq jours d'interruption temporaire de travail. Un peu plus tôt, un officier des pompiers de Calais a fait état de dix blessés légers, dont sept migrants, deux gendarmes et un membre du personnel de sécurité d'Eurotunnel.

Qui est à l'origine de cette intrusion ?

"Il est fort probable qu'il s'agisse d'une opération réfléchie ayant pour but d'attirer l'attention de l'opinion publique", a estimé une porte-parole d'Eurotunnel. Selon elle, cette intrusion a été le fait d'un groupe "extrêmement organisé" et orchestrée "par des gens qui savaient que ça n'aboutirait pas".

Mercredi, la police a fait état d'une présence accrue, parmi les clandestins concentrés autour de Calais, de militants du réseau d'extrême gauche "No borders", qui réclame l'abolition des frontières et des politiques de contrôle de l'immigration. Leur implication reste toutefois à démontrer.

Quel impact sur le trafic ?

Le trafic dans le tunnel a été interrompu de 0h30 à 8h05, heure de départ d'un train Eurostar depuis l'Angleterre, "suivi d'un train fret à vide circulant à marche prudente", a indiqué Eurotunnel. "On n'a pas eu de soucis avec les Eurostar, car ces trains ne circulent pas la nuit, ni de problèmes sur la rocade suite à l'accumulation de camions, parce que le trafic était faible", a précisé la préfecture. Des files de camion étaient cependant visibles sur la rocade d'accès au tunnel.