Reportage Pas-de-Calais : un mois après les inondations, des meubles sur le trottoir et des digues à repenser

Un mois après des inondations historiques dans le Pas-de-Calais, les habitants des secteurs touchés continuent de faire le bilan des dégâts.
Article rédigé par franceinfo
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Un habitant sinistré devant sa maison avec son mobilier, un mois après l'inondation dans le Pas-de-Calais. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO)

"Il y a beaucoup de choses qui traînent sur les trottoirs ici", constate René, 79 ans. Électroménager, canapé, matelas, des restes de meubles encore imbibés... C'est un enchevêtrement devant chez lui et cette image se répète dans les rues de Blendecques, devant les maisons que l'Aa, le fleuve côtier, n'a pas épargnées. Plus de 850 logements ont été touchés dans cette commune de près de 5 000 habitants.

Un mois après des inondations historiques dans le Pas-de-Calais, les habitants des secteurs touchés continuent de faire le bilan. "Il y avait 70 cm d'eau, ça se voit sur la porte, dit le septuagénaire. On en a pour 20 000 euros de dégâts."

Pourtant, juste à côté de chez René, il y a un bassin de rétention construit après les inondations de 2002. Mais il n'a pas suffi. "Le matin, on avait 10 centimètres d'eau. Le temps que je prenne mon petit-déjeuner, on est arrivés à ce niveau-là", se rappelle-t-il. "Un fleuve", résume René, qui demande aux autorités et aux pouvoirs publics "qu'ils réagissent vite". 

Le fleuve côtier l'Aa, dans le Pas-de-Calais. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO)

Des infrastructures pas suffisantes

Et de fait, la réflexion a déjà commencé autour du renforcement des structures mises en place après de précédentes crues en 2002. Bassins de rétention, digues... Dans la nuit du 6 au 7 novembre puis du 10 au 11 novembre, ces dispositifs ont clairement montré leurs limites.

Dépassés par un niveau de précipitation exceptionnel, ils n'ont pas pu empêcher les inondations. "Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en 2002, le débit de la rivière, de l'Aa, était de 55 mètres cubes par seconde. Là, lors de la première inondation qui est arrivée dans la nuit du 6 au 7 novembre, le débit avait été mesuré à 81 mètres cubes par seconde", souligne Jean-Christophe Castelain, l'adjoint au maire qui était en charge de la cellule de crise pendant les inondations.

"Le débit était beaucoup trop important pour ces travaux, pour les digues et les bassins de rétention."

Jean-Christophe Castelain, adjoint au maire de Blendecques

à franceinfo

Ce ne sont pourtant pas les ouvrages qui manquent : il y a une digue à Blendecques et une quinzaine de bassins de rétention ou de champs d'inondations contrôlée dans ce secteur. Des infrastructures gérées par le Smage Aa, le syndicat mixte pour l'aménagement et la gestion des eaux de l'Aa. La directrice, Agnès Boutel, s'interroge déjà sur les pistes pour la suite : "Est-ce qu'il va falloir augmenter le stockage en amont dans des champs d'inondation contrôlée par exemple ? Est-ce qu'il va falloir rehausser les hauteurs de digues, créer d'autres dispositifs de digues ?"

La directricedu Smage Aa, le syndicat mixte pour l'aménagement et la gestion des eaux de l'Aa. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO)

Mais tout cela prend du temps. Les travaux engagés au lendemain de la crue de 2002 se sont achevés presque 20 ans plus tard. Aujourd'hui, même si le Smage Aa entend l'urgence et espère aller beaucoup plus vite, il ne parle pas non plus de court terme.

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