Distribution de tracts racistes, antisémites et homophobes : la Ligue des droits de l'Homme de la Somme dépose une nouvelle plainte "pour relancer l'enquête"
La Ligue des droits de l'Homme (LDH) de la Somme va déposer, lundi 3 juin, une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, après la découverte de tracts antisémites et homophobes, il y a un an, à Hébécourt, une petite commune au sud d'Amiens, annonce l'association à France Bleu Picardie. Les mêmes tracts ont été déposés dans d'autres communes, dans différents départements partout en France.
France Bleu Picardie a pu consulter cette plainte contre X, pour "provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence, diffamation publique, injure publique et apologie de crime contre l'humanité", adressée au tribunal judiciaire d'Amiens. La LDH rappelle le contenu de ces tracts. "Homme blanc, tu en as assez de voir les juifs détruire ton pays par l'immigration, la dégénérescence pédo-LGBT et la guerre ? Rejoins-nous pour rétablir la domination de la race blanche en Europe", pouvait-on lire sur ces courriers où figuraient aussi des croix gammées et l'aigle nazi.
Cette deuxième plainte doit permettre de saisir un juge d'instruction, "pour relancer l'enquête", explique à France Bleu Picardie, Me Stéphane Diboundje, avocat de la LDH. Il prévient :"C'est un sujet sérieux sur lequel la Ligue des droits de l'Homme n'entend pas faiblir." Me Diboundje précise n'avoir eu aucun retour de la première plainte déposée par l'association en juin 2023.
Des tracts distribués dans toute la France
Les mêmes tracts ont été déposés dans d'autres communes, dans différents départements partout en France. Ils "ont été distribués dans deux quartiers de la commune, la Devèze et Campredron. C'est impensable" dénonçait par exemple Serge Cathala, le maire de Quissac (Gard), sur France Bleu Gard Lozère en décembre 2023. En novembre dernier, le maire de Belfort, Damien Meslot, a saisi la procureure de la République, souhaitant que "la justice intervienne rapidement". L'enquête pour provocation à la haine raciale a été ouverte par le parquet, rapportait alors France Bleu Belfort-Montbéliard.
Le préfet du Finistère s'est "indigné profondément" que des tracts néonazis aient pu être diffusés "notamment auprès des mairies", ajoutant qu'une enquête judiciaire était ouverte, dans un communiqué relayé par France Bleu Breizh Izel. La ville de Mulhouse, l'antenne locale de La France insoumise ont signalé également ces mêmes tracts à la procureure de la République, en juillet 2023, rapportait France Bleu Alsace. Le maire de Genlis (Côte-d'Or) a déposé plainte pour "incitation à la haine raciale" après la distribution de ces courriers dans les boîtes aux lettres de la centaine d'habitants de la commune. La préfecture du département en avait de même. "Des recherches sont en cours pour d'éventuels recoupements", avait indiqué Olivier Caracotch, procureur de la République de Dijon avait alors précisé à France Bleu Bourgogne.
Le tract renvoie à un site condamné pour des propos négationnistes
Me Stéphane Diboundje rappelle ce lundi sur France Bleu Picardie que ces distributions font suite à un message posté sur un réseau social, "où ont été données un certain nombre d'instructions très précises sur le mode opératoire pour ne pas se faire surprendre", comme de ne pas manipuler les tracts à main nue, de porter un masque sanitaire et une capuche ou encore de se garer dans une zone non éclairée. Le courrier type est lui disponible sur un site internet néonazi.
Le tract renvoie au site internet "DemPart" (pour "Démocratie Participative"), que la justice avait demandé de bloquer fin 2018 à la suite de multiples condamnations sur des propos négationnistes, racistes, homophobes et antisémites. Le site, toujours visible en France, car hébergé aux États-Unis, appelle notamment à soutenir le négationniste français Vincent Reynouard, arrêté le 10 novembre 2022 en Écosse après de multiples condamnations par la justice française.
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