Évacuation musclée d'une manifestation écologiste : "Ce sera à la préfecture de police de s'expliquer"
Grégory Joron, le secrétaire national CRS pour Unité SGP Police FO a réagi sur franceinfo après l'évacuation musclée de manifestants écologistes, vendredi 28 juin, à Paris.
"A dix mètres, cela n'a aucun effet, il faut donc se mettre assez proche des cibles." Selon Grégory Joron, secrétaire national CRS pour Unité SGP Police FO, lundi 1er juillet sur franceinfo, l'utilisation par les forces de l'ordre de gaz lacrymogènes pour évacuer des manifestants du pont de Sully, vendredi 28 juin à Paris, n'a rien d'anormal. Grégory Joron a justifié l'usage des gaz en expliquant que "la manifestation n'était pas déclarée" et que "la chaussée était occupée illégalement par les manifestants". Des images de l'intervention des forces de l'ordre ont été largement partagées sur Twitter : elles montrent des policiers aspergeant abondement de gaz lacrymogènes des militants participant pacifiquement à un sit-in lors de l'occupation de ce pont du centre de Paris par l'organisation Extinction Rebellion.
franceinfo : Que répondez-vous à ceux qui disent que la liberté de manifester est en danger ?
Grégory Joron : Pour qu'il y ait liberté de manifester, il faut qu'il y ait un respect des règles. C'est toute la difficulté avec ce qui s'est passé vendredi, car c'était une manifestation qui n'était pas déclarée. En effet, les organisateurs sont venus la veille avertir la préfecture de police. Ils ont donné un parcours qu'ils n'ont absolument pas suivi le lendemain. Ils ont mis tout le monde dans la difficulté avec ce sit-in au niveau du pont de Sully.
Est-ce que le fait que la manifestation ne soit pas déclarée justifie l'emploi de gaz lacrymogène ?
Oui. Ce qui justifie l'emploi des gaz lacrymogènes, c'est le cadre légal d'utilisation de la force après plusieurs sommations d'un attroupement illégal. Nous avions affaire à des manifestants déterminés à rester où ils étaient. À partir du moment où vous avez demandé une fois ou deux aux personnes de se lever et de partir, vous avez deux solutions : ou vous évacuez manu militari, et ça donne des images qui ne sont pas agréables à regarder, c'est-à-dire des gens qui se font traîner par terre, ou qu'on doit contraindre à partir au moyen de clés de bras ou d'étranglements ; ou bien il faut faire vite, et les instructions sont fermes pour dégager la chaussée, alors il faut utiliser les gaz lacrymogènes. C'est une gazeuse, donc si vous vous mettez à dix mètres, cela n'a aucun effet. Il faut donc se mettre assez proche des cibles. Le cadre légal est posé. Ce sera à la préfecture de police, qui a pris la décision d'user de la force de s'expliquer. Ce ne sont pas aux collègues sur le terrain - qui sont déjà sous pression - de s'expliquer sur des ordres qu'ils reçoivent.
La fatigue joue-t-elle après plusieurs mois de manifestations des "gilets jaunes" quand les policiers font face à des gens qui sont pacifiques ?
Il faut savoir ce qu'on met dans la définition du mot "pacifique". En effet, ces gens ne vont pas porter des coups, mais la réalité c'est que ce sont des gens qui ne veulent pas écouter ce qu'on leur dit. Ils occupent une chaussée de manière illégale, et quand on leur demande de la libérer sous couvert de la loi, ils ne le font pas. C'est de la désobéissance civile. Si nous avions interpellé cinquante personnes, nous aurions la même polémique aujourd'hui, sauf que peut-être que nous n'aurions pas utilisé de gaz. Cela aurait également choqué tout le monde.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.