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Immigration, justice : Valls se met la gauche à dos

Les récents propos de Manuel Valls sur la politique migratoire de la France et son opposition à Christiane Taubira au sujet de la réforme pénale ont courroucé son propre camp.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, après les obsèques de Jean Kahn, ancien président du Crif, le 20 août 2013 à Strasbourg (Bas-Rhin). (FREDERICK FLORIN / AFP)

C'est peu dire que Manuel Valls irrite sa propre famille politique. Le ministre de l'Intérieur a jeté un froid au sein même de la majorité, en déclarant que la démographie en Afrique allait obliger la France à revoir sa politique migratoire, et notamment le regroupement familial. Des propos polémiques qui s'ajoutent à son opposition à Christiane Taubira, sa collègue de la Justice, au sujet de la réforme pénale.

Ils sont nombreux, mercredi 21 août, à désapprouver publiquement les prises de position du ministre de l'Intérieur.

Duflot : "Il n'y a qu'une ligne de gauche"

Sur la réforme pénale, la ministre écologiste prend parti pour la ministre de la Justice. "En matière de justice, il n'y a qu'une ligne de gauche. Elle est très bien portée par Christiane Taubira", dit-elle dans un entretien à Libération (article abonnés).

Quant à l'appel de Manuel Valls à relancer le débat sur le regroupement familial, Cécile Duflot est tout aussi claire. "Je crois que la question ne se pose même pas", tranche-t-elle. "Le droit à vivre en famille ne souffre pas d'exception. Il est garanti par l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme."

Canfin : Valls "déclenche le désordre" 

"Pour quelqu'un qui veut incarner l'ordre, c'est lui qui déclenche le désordre", clame Pascal Canfin, autre écologiste du gouvernement, dans un entretien au JDD.fr. Le ministre délégué au Développement ajoute : "Sincèrement, je ne vois pas comment, si Manuel Valls était Premier ministre, nous pourrions participer au gouvernement."  Pascal Canfin se dit aussi "surpris par la sortie de Manuel Valls sur la politique migratoire, lundi, lors du séminaire de rentrée".

Le chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé, a la même formule à la bouche sur BFMTV. Il estime que Manuel Valls "a mis beaucoup de désordre depuis dix jours" en se plaçant en première ligne sur plusieurs sujets.

Hammadi : Valls "ne rend pas service à la gauche" 

Manuel Valls "ne rend pas service à la gauche en mettant au centre de la rentrée les questions de l'immigration, du voile à l'université ou de la compatibilité de l'islam avec la démocratie", estime le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi. "Et je ne parle même pas de sa volonté de faire désavouer la garde des Sceaux" sur la réforme pénale, confie-t-il au Figaro.

Désir : "Ce n'est pas un sujet"

"Je soutiens la politique de sécurité de Manuel Valls et il a raison de ne pas laisser la fermeté républicaine à la droite", assure le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir. Mais, ajoute-t-il immédiatement sur RTL, "en ce qui concerne l'immigration, il n'y a pas de remise en cause du regroupement familial qui soit à l'ordre du jour, ce n'est pas un sujet".

Sopo : des propos "d'une extrême gravité"

Dominique Sopo, ancien président de SOS Racisme et membre du conseil national du PS, s'inquiète de propos "d'une extrême gravité en ce qu'ils remettent en cause, sur la base de fantasmes habituellement délivrés par une partie de la droite, un fondement essentiel à une politique migratoire humaniste".

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