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Inondations à Lamalou-les-Bains : trois questions pour comprendre les "épisodes cévenols"

Après la mort de quatre personnes à Lamalou-les-Bains (Hérault), francetv info revient sur ce phénomène bien connu des météorologistes. 

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
En quelques minutes, l'eau a complètement envahi Lamalou-les-Bains (Hérault), le 18 septembre 2014. (PASCAL GUYOT / AFP)

Des trombes d'eau, puis des torrents dévastateurs, et en quelques heures, tout est emporté. Quatre personnes ont été tuées jeudi 18 septembre à Lamalou-les-Bains (Hérault), après un violent orage. Fréquents sur le pourtour méditerranéen à cette époque de l'année, ces "épisodes cévenols" sont bien connus des météorologistes. Alors que Météo France a de nouveau placé en vigilance orange "orages et crue" le Gard, l'Ardèche et l'Hérault, vendredi 19 septembre, francetv info revient sur ce phénomène.

Comment se forment ces épisodes ?

Reliefs, masses d'air, températures... Les épisodes cévenols sont le résultat d'une conjonction de facteurs. A cette époque de l'année (septembre-octobre), la Méditerranée est encore chaude et forme un réservoir de vapeur. Les vents marins poussent alors cette masse d'air vers les terres. Bloquée par les reliefs des Cévennes, où elle rencontre une autre masse d'air beaucoup plus froide venue du Nord, elle se transforme alors en violents orages, provoquant ruissellements et inondations.

Un phénomène qui peut être aggravé par la rupture d'un embâcle, une accumulation de branches et de débris, qui bloque le courant d'un ruisseau, avant de brutalement céder et de provoquer une vague torrentielle.

Opération de nettoyage du Bitoulet, qui coule à Lamalou-les-Bains (Hérault), le 18 septembre 2014, alors qu'une nouvelle alerte orange aux orage a été lancée par Météo France.  (PASCAL GUYOT / AFP)

Quels sont les précédents ? 

Nîmes (Gard), 3 octobre 1988 : 9 morts, 45 000 sinistrés. Durant près de sept heures, de violents orages s'abattent sur la ville, alors que la veille, rien ne laissait présager un tel cataclysme. Conséquence, 14 millions de m3 d'eaux boueuses traversent la ville, ravageant tout sur leur passage. Pour éviter qu'un tel épisode ne se reproduise, 19 bassins de rétention ont été créés ainsi qu'une carrière pouvant accueillir deux millions de m3 d'eau.

Vaison-la-Romaine (Vaucluse), 22 septembre 1992 : 42 morts. Une caravane et ses occupants sont emportés par l'Ouvèze déchaînée, et se fracassent sous le pont de la ville. L'image a marqué les esprits. Il s'agit de la catastrophe la plus meurtrière. Des quartiers entiers de la ville ont été rasés. Ils ont été placés depuis en zone inondable et sont inconstructibles.

Le Gard, 8 et 9 septembre 2002 : 22 morts. Cette fois-ci, ce n'est pas un village qui est touché, mais tout un département. Avec plus de 800 millions d'euros, le coût des dégâts est vertigineux. S'ajoute à cela près de 3 000 entreprises paralysées. Des dégâts matériels qui mettront l'économie locale à genoux durant de longs mois.

Si le phénomène est connu, pourquoi surprend-il toujours ? 

"Les orages très violents et très localisés sont imprévisibles dans l'état actuel de nos connaissances", a admis Jean Nicolau, responsable du service prévisions générales de Météo France, vendredi 19 septembre dans Le Parisien (article payant). Pour autant, les prévisionnistes avaient placé l'Hérault en vigilance orange (alerte maintenue pour vendredi soir). Pourquoi alors ne pas être passé en vigilance rouge ? "Elle ne s'applique qu'en cas de phénomènes dangereux d'intensité exceptionnelle et implique une vigilance absolue. Malgré le bilan lourd, ce n'était pas le cas."

De même, le maillage de surveillance du Service central d'hydrométéorologie et d'appui à la prévision des inondations (Schapi) n'est pas assez fin pour détecter ces épisodes, qui impactent des parties très réduites du territoire, note le site du Ministère de l'Ecologie consacré à la prévention des risques majeurs.

Reste la question des zones inondables et de l'entretien des cours d'eau. Déjà, à Lamalou-les-Bains, la polémique enfle. Les quatre personnes décédées, un couple ainsi qu'une femme et sa fille, se trouvaient au camping municipal, qui surplombe d'environ 3 mètres le cours d'eau, mais qui était pourtant placé en zone inondable. Les habitants reprochent également aux autorités (préfecture et municipalité) de ne pas avoir nettoyé les rives de la rivière, le Bitoulet. Le parquet de Béziers a indiqué, vendredi, avoir ouvert une enquête préliminaire pour "déterminer les circonstances et rechercher les éventuelles responsabilités" dans le déclenchement de la catastrophe.

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