Joseph Cuvelier, un ancien dirigeant d'Eternit, a été mis en examen mardi dans une affaire liée à l'amiante
Motif: "homicides et blessures involontaires" dans l'enquête sur le décès d'une vingtaine de salariés du groupe. On lui reproche notamment l'absence de mesures de sécurité nécessaires pour protéger les salariés de l'exposition aux fibres d'amiante dans cinq usines du groupe Eternit.
Joseph Cuvelier a dirigé le groupe d'amiante-ciment de 1971 à 1994.
Selon des sources concordantes, confirmant une information de France Info, la mesure a été demandée par la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geoffroy.
Cette procédure a été saluée par les victimes de l'amiante comme un tournant dans les dossiers pénaux de ce dossier. C'est la première fois qu'est visé directement un industriel de la filière et non plus un utilisateur d'amiante. "Jusque-là, seuls des dirigeants d'établissements avaient été mis en examen. Il s'agit d'un passage très spectaculaire à l'étage supérieur dans les responsabilités du groupe", a estimé Me Jean-Paul Tessonière, avocat de plusieurs victimes de l'amiante qui se sont constituées partie civile. Joseph Cuvelier "est un dirigeant emblématique d'une époque où les contaminations étaient très importantes", a-t-il précisé.
Cinq usines d'Eternit, aujourd'hui filiale d'Etex, font l'objet d'une instruction judiciaire centralisée au pôle de santé publique de Paris: Vitry-en-Charolais (Saône-et-Loire), Valenciennes-Thiant (Nord), Caronte-Martigues (Bouches-du-Rhône), Albi (Tarn) et Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine).
Pour l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), "pour la première fois c'est un industriel et pas simplement un employeur qui devra rendre des comptes à la justice".
En France, l'amiante est jugée responsable de 10% à 20% des cancers du poumon et devrait être responsable de 100.000 morts d'ici à 2025, selon l'Agence santé-environnement (Afsset). Son caractère cancérigène est connu depuis les années 1950 mais le premier décret réglementant son usage ne date que de 1977 et son interdiction de 1997.
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