L'ancien président de la Société Générale Daniel Bouton a ainsi qualifié mardi la découverte de la "fraude"
"La catastrophe était encore plus grande" lorsqu'il s'est avéré qu'il y avait à la Société Générale "un agent qui avait une capacité de mensonge et de dissimulation" insoupçonnée jusqu'alors, a expliqué l'ancien PDG.
De son côté, Jérôme Kerviel a reconnu des actes "débiles"
Bouton et Kerviel tout près l'un de l'autre au tribunal
Quand il a appris que l'ancien trader avait pris des positions "dissimulées" pour près de 50 milliards d'euros, Daniel Bouton a dit avoir eu l'impression que "dix étages de plancher s'écroulaient sous (ses) pieds", a-t-il ajouté.
"Cinquante milliards, c'est monstrueux!", a estimé M. Bouton, debout au micro face au tribunal, tout près de Jérôme Kerviel assis à sa place habituelle, sans réaction particulière apparente.
M. Bouton, qui dirige maintenant sa propre société de conseil, a ensuite expliqué avoir "compris" qu'il y avait eu "des défaillances" dans les systèmes de contrôle de la banque, qui n'ont pas su arrêter à temps les opérations hors-normes du trader.
Mais "je ne crois pas une seconde que les supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel aient su", a-t-il affirmé. "La Société Générale n'a pas vu, les supérieurs hiérarchiques" de Jérôme Kerviel "n'ont pas vu", a-t-il insisté.
L'ancien trader "a eu le génie, malfaisant peut-être, d'intervenir en dehors de son mandat", a-t-il poursuivi, menant des opérations inimaginables pour ses supérieurs.
Kerviel refuse d'assumer seul : "quand je perdais, ils n'étaient plus contents du tout"
L'ex-trader a reconnu mardi des "erreurs" et des actes "complètement débiles", par lesquels il a engagé la Société Générale pour des dizaines de milliards d'euros, tout en continuant de refuser de les assumer seuls.
"Encore une fois je reconnais des erreurs, (des choses) complètement débiles, j'ai conscience que certaines personnes ont pu souffrir, mais je ne suis pas d'accord pour dire que mes actes étaient invisibles", a déclaré l'ancien trader à son procès, à côté de l'ancien PDG de la banque appelé à témoigner.
"Je continue de dire que quand je gagnais, mes supérieurs étaient contents, et quand je perdais ils n'étaient plus contents du tout", a ajouté Jérôme Kerviel, qui maintient depuis le début de son procès que sa hiérarchie directe savait ce qu'il faisait.
Daniel Bouton lui a ensuite répondu : "il m'arrive d'avoir un rêve (...), que Jérôme Kerviel reconnaisse qu'il a menti et qu'il a fait cela tout seul (...), qu'il puisse me dire in fine ce qui l'a motivé".
Kerviel, "terroriste"
Lors de la révélation de la perte historique de 4,9 milliards d'euros début 2008, Daniel Bouton avait qualifié Jérôme Kerviel d'"escroc", "fraudeur", et "terroriste".
Près d'un an et demi plus tard, celui qui avait contribué à faire de la Société Générale l'un des fleurons de la finance mondiale avait dû quitté son fauteuil fin avril 2009, sans les honneurs, après onze années passées à la tête de la Société Générale
La perte, ajoutée à une série de scandales liés aux rémunérations de plusieurs dirigeants de la banque, l'avait en effet contraint à la démission.
Consciente qu'il n'était pas personnellement au courant de ce que faisait le jeune trader Jérôme Kerviel, sa présence au procès n'a pas été demandée par la défense, ni par les avocats de la banque, qui la jugeaient "ridicule". Mais elle a été réclamée par les avocats de cinq salariés ou retraités actionnaires de la banque, parties civiles.
Son audition est censé permettre étudier le "débouclage" (la liquidation) des quelque 50 milliards d'euros de positions "frauduleuses" qu'avait prises Jérôme Kerviel en janvier 2008.
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