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La France manque de sang, pas de candidats au don

FRANCE - En 2011, l'Etablissement français du sang (EFS) a refusé le don à 175 000 candidats. Pourquoi ? 

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une personne donne son sang dans un centre de collecte de Paris, le 14 juin 2010. (MIGUEL MEDINA / AFP)

L'équation semble insoluble. L'Etablissement français du sang (EFS) veut profiter de la Journée mondiale du don du sang, jeudi 14 juin, pour sensibiliser la population. Les besoins de sang en France nécessitent 10 000 dons par jour, pour soigner un million de malades. Avec trois millions de prélèvements en 2011, la France est tout juste autosuffisante. Il en faudrait un million supplémentaire. En parallèle, il refuse chaque année, par précaution, des dizaines de milliers de dons. En 2011, ce sont 175 000 candidats qui ont dû faire demi-tour. Qui ne peut pas donner son sang et pourquoi ?

Don total, plaquettes, plasma... Avant d'offrir un peu du précieux liquide vital, les candidats doivent répondre à un questionnaire et passer un entretien avec un médecin de l'EFS. La liste des contre-indications au don du sang, établie par un arrêté du 12 janvier 2009, est longue. Temporaires ou définitives, certaines de ces restrictions posent question quand elles ne suscitent pas l'indignation.

Homosexuels, femmes enceintes, tatoués... éliminés

A chaque campagne de sensibilisation, les candidats homosexuels au don se manifestent. La loi interdit en effet aux hommes ayant déjà eu des rapports sexuels avec d'autres hommes de donner leur sang. Théoriquement, même un homme qui n'a eu qu'un seul rapport homosexuel dans sa vie en est exclu. Si l'EFS se défend de toute discrimination, avec le soutien de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), les associations dénoncent une absurdité. Ainsi est né le collectif des "25 000 Donneurs", en mai dernier, qui affirme représenter "le nombre de donneurs sains dont l'EFS se prive". Mais ils sont sûrement plus nombreux.

Les femmes ayant accouché il y a moins de six mois se trouvent dans le même cas. Pour elles, l'EFS invoque les risques d'anémie au moment du don. Et il faut avoir évité tatouages et piercings dans les quatre mois précédents le prélèvement à cause du matériel à usage multiple parfois utilisé. Alors que les risques liés aux transfusions sanguines ne cessent de diminuer, l'affaire du sang contaminé, qui date de 1985, continue de faire jurisprudence : les personnes transfusées ne peuvent toujours pas donner leur sang.

Seule solution : mentir

Les consommateurs de drogue aussi sont, pour la plupart, disqualifiés. Ceux qui s'injectent des substances toxiques sont exclus définitivement. L'arrêté ne donne pas de précisions quant aux consommateurs d'autres drogues. Il revient donc au médecin, lors de l'entretien, d'interroger le candidat sur sa consommation... et de lui faire confiance.

C'est là que le bât blesse. Pour les volontaires qui se sentent lésés, la seule solution est de mentir. Comme ce lecteur gay du site Madmoizelle.com, qui dit avoir reçu un "diplôme de donneur" de l'EFS pour son "implication régulière". ll se sait "sain" et a choisi, depuis deux ans, de "donner [son] sang régulièrement en continuant de mentir", écrit-il. Des centaines de témoignages de candidats recalés pour diverses raisons, recueillis sur les forums, mettent ainsi à mal le principe de précaution de l'EFS. 

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