La jeune fille embarquée de force dans un véhicule dimanche à Privas a été retrouvée jeudi soir en Haute-Garonne
Sa famille a expliqué qu'il s'agissait d'un enlèvement traditionnel tchétchène avant un mariage, a-t-on appris vendredi de sources proches de l'enquête.
Il s'agit d'une tradition tchétchène selon laquelle la famille du futur mari enlève la fiancée, ont indiqué ces sources, précisant que la jeune fille était mineure.
L'enlèvement de jeunes filles par leurs promis, vieille tradition dans le Caucase du Nord, région musulmane dans le sud de la Russie, est aussi pratiquée par la diaspora, selon Aude Merlin, politologue spécialiste de la région.Autrefois, la fiancée était enlevée lorsque sa famille refusait le mariage, ou lorsqu'elle ne pouvait proposer de dot. Généralement les parents de la jeune fille enlevée consentaient au mariage, cette dernière étant considérée comme "souillée" après avoir passé une nuit hors de son domicile. La coutume est restée.
La Direction spirituelle des musulmans de Tchétchénie entend cependant mettre un terme à cette pratique. Fin 2010, des dignitaires religieux ont décidé que dans cette petite république russe du Caucase du Nord, l'auteur d'un enlèvement devrait verser une compensation d'un million de roubles (24.000 euros) à la famille de la jeune fille, qui doit elle-même être rendue.
Selon Aude Merlin, professeur à l'Université libre de Bruxelles, le "rituel de l'enlèvement" fait aujourd'hui partie du "folklore" et il survient le plus souvent après concertation entre les familles. "Il peut arriver qu'il se passe contre le gré de la jeune fille mais celle-ci peut en règle générale faire entendre sa voix et refuser un mariage", a-t-elle observé. Le mariage lui-même, qui dure trois jours, est très codifié.
"Il y a un retour aux traditions ces dernières années en Tchétchénie du fait de la guerre, et les mariées sont de plus en plus jeunes car leur union est une protection", souligne Aude Merlin. Elle relève que des enlèvements de jeunes filles tchétchènes se sont produits ailleurs dans le monde et notamment en France et en Belgique.
Une enquête avait été lancée
Les enquêteurs avaient annoncé prendre "très au sérieux" les témoignages concordants au sujet d'une cette jeune fille d'environ 17 ans "embarquée de force dans un véhicule" dimanche à Privas, où la police avait lancé un appel à témoins au niveau national.
Dimanche, un habitant de Privas avait déclaré aux services de police avoir "vu une BMW de couleur sombre avec à son bord quatre individus s'arrêter à hauteur d'une jeune femme" qui aurait alors été "embarquée de force", a détaillé M. Alzingre. Deux autres témoins sont ensuite venus "corroborer les dires du premier témoignage". Un deuxième véhicule, une Volkswagen Passat, "serait également en cause puisqu'il aurait empêché les témoins d'intervenir", selon le magistrat.
Le parquet avait co-saisi la police de Privas et la police judiciaire de Valence pour mener l'enquête.
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