Cet article date de plus de treize ans.

La juge ne présidera pas l'audience sur le dossier Mediator, médicament du laboratoire Servier, fin septembre à Nanterre

Isabelle Prévost-Desprez a été dessaisie provisoirement du dossier après ses propos mettant en cause Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt dans un livre "Sarko m'a tuer", a annoncé mardi le président du tribunal de Nanterre M.Hayat.La convocation de la magistrate, mercredi à Bordeaux par le juge Gentil, a été annulée, a précisé le parquet.
Article rédigé par France2.fr avec agences
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
La juge Isabelle Prévost-Desprez, le 2 septembre 2010 à Nanterre (AFP / Fred Dufour)

Isabelle Prévost-Desprez a été dessaisie provisoirement du dossier après ses propos mettant en cause Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt dans un livre "Sarko m'a tuer", a annoncé mardi le président du tribunal de Nanterre M.Hayat.

La convocation de la magistrate, mercredi à Bordeaux par le juge Gentil, a été annulée, a précisé le parquet.

La juge sera convoquée "ultérieurement", a précisé cette source.

Dans le livre "Sarko m'a tuer" (Stock), Isabelle Prévost-Desprez affirme que l'ex-infirmière de Liliane Bettencourt a "confié à (sa) greffière, après son audition par (elle): 'J'ai vu des remises d'espèces à Sarkozy mais je ne pouvais le dire sur procès-verbal'". Des propos démentis depuis par les protagonistes.

Jean-Michel Hayat a précisé qu'il avait demandé à la juge "d'envisager de lui céder la présidence des audiences de procédure du 26 et 27 septembre dans le dossier Mediator pour préserver les justiciables des antagonismes récurrents au tribunal de Nanterre, ce qu'elle a accepté vendredi".

"Isabelle Prévost-Desprez a adhéré à cette mesure conservatoire de nature à préserver la juridiction et proposée dans un souci d'apaisement des tensions", a ajouté le président du tribunal de Nanterre, qui présidera donc les prochaines audiences. "Les justiciables ne doivent pas être les otages des antagonismes du moment", a-t-il conclu.

Après la publication de "Sarko m'a tuer", des voix s'étaient élevées pour demander des sanctions disciplinaires contre Isabelle Prévost-Desprez, en conflit notoire avec le procureur de Nanterre Philippe Courroye.

"Il n'y a pas de sanction"
Le retrait provisoire du dossier Mediator de la juge Isabelle Prévost-Desprez, à la demande de sa hiérarchie, ne doit pas être interprété comme une sanction, a assuré mardi à l'AFP Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM). "Elle n'est pas déchargée du dossier, elle n'est pas sanctionnée, c'est un déport qu'elle a accepté à la demande du président dans l'intérêt de la juridiction et des victimes", a-t-il ajouté.

La 15e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre, présidée par Isabelle Prévost-Desprez, est saisie de plusieurs citations directes visant notamment le groupe Servier, son fondateur de 88 ans Jacques Servier, ainsi que la société Biopharma, qui a commercialisé le Mediator, pour des faits de tromperie aggravée.

Le Mediator a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients. Cet antidiabétique, largement prescrit comme coupe-faim, a causé 500 à 2000 décès, selon plusieurs études. Cinq millions de malades l'ont utilisé.

Une victime présumée demande 100.000 euros de cautionnement à Servier

Une victime présumée du Mediator a demandé aux juges d'instruction chargés de l'enquête d'ordonner aux laboratoires Servier de verser 100.000 euros en garantie d'un éventuel préjudice moral qui pourrait lui être reconnu, a-t-on appris mardi auprès de son avocat.

Annie Oger est la première personne physique à demander un cautionnement pour préjudice moral dans le volet "tromperie aggravée" et "escroquerie" de l'enquête menée par les juges d'instruction, a dit Me Dominique Inchauspé. Annie Oger a soumis une telle demande en raison "du ressenti moral d'une telle catastrophe thérapeutique" pour elle et de la "trahison de la confiance placée dans la fiabilité du médicament d'un laboratoire en vue dans le monde médical", a-t-il ajouté.

La Sécurité sociale a demandé récemment 255 millions d'euros en garantie de futurs dédommagements que pourrait être condamné à verser le laboratoire.
Voir aussi:
>>

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.