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La Réunion : encore quelques tensions malgré l'annonce de baisses des prix

Le préfet a annoncé une baisse de l'essence, de l'électricité et des produits de première nécessité après la nuit d'émeutes qui a touché l'île en raison de l'augmentation des prix.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Des habitants de la Réunion se sont rassemblés vendredi 24 février devant la préfecture de Saint-Denis pour protester contre le coût de la vie.  (RICHARD BOUHET / AFP)

Après trois jours de troubles à La Réunion contre la vie chère, la situation était moins critiques dans la nuit de vendredi 24 à samedi 25 février. Vendredi, le préfet a annoncé une série de mesures pour répondre à la colère des manifestants. Les prix de l'essence et de l'électricité pour les bas revenus vont baisser sur l'île, et ceux de 40 produits de première nécessité vont au moins être gelés à partir du 1er mars grâce à l'effort des collectivités locales.

Insatisfaction d'une centaine de manifestants

A l'inverse du préfet, Michel Lalanda, qui a qualifié vendredi ces mesures d'"extrêmement significatives", la centaine de manifestants encore présents sur la place de la préfecture ont exprimé leur colère. "Non, Non", ont-ils scandé lorsque Jean-Hugues Ratenon, le président de l'association Alliance des Réunionnais contre la pauvreté (proche du Parti communisteréunionnais), a décliné une à une les mesures. 

Négociations et nuits d'émeutes à La Réunion ( Nicolas Bertrand et David Da Meda - France 2)

Malgré ces annonces, la nuit a été marquée par des tensions à Saint-Pierre, où plusieurs commerces ont été  vandalisés et quelques voitures incendiées. Des échauffourées entre forces de l'ordre et des groupes de 50 à 100 jeunes se sont déroulées également à Saint-Louis et Etang-Salé, toujours dans le sud. En revanche, la nuit a été beaucoup plus calme dans l'Est où les gendarmes s'étaient déployés en force dans les rues de Saint-André et de Saint-Benoît.

Au Chaudron, quelques affrontements ont eu lieu avec les policiers mais les jeunes ont été beaucoup moins nombreux que lors des deux premières nuits ainsi qu'au Port, où la police parlait d'une "décrue" de la violence. A Saint-Denis, d'après la préfecture, une dizaine de commerces ont été dégradés ou pillés, deux écoles vandalisées et 17 voitures incendiées.

Les forces de l'ordre ont procédé à l'interpellation de 56 personnes dont 35 ont été placés en garde à vue, portant à 197 le nombre des personnes interpellées en quatre nuits de violence. Au total 13 jeunes ont été condamnés par les tribunaux correctionnels de Saint-Denis et de Saint-Pierre ou placés en détention provisoire depuis le début des violences.

Ce qui doit changer pour les Réunionnais 

Dans une déclaration à la presse à l'issue d'une réunion de cinq heures et demie, le préfet Michel Lalande a annoncé une série de mesures qui correspond au geste annoncé la veille par les conseils régional et général. 

Dans le détail, les prix de l'essence et du gazole vont baisser de 8 centimes par litre jusqu'à la fin de l'année grâce à un allègement de la fiscalité. Le président UMP du conseil régional, Didier Robert, a présenté un projet de suppression totale de l'"octroi de mer" sur le carburant, taxe locale rapportant 24 millions d'euros par an, perçue par la région et répartie ensuite entre les collectivités (département et communes). L'effort est donc collectif. Le prix de l'essence étant révisé tous les mois par le préfet, les 8 centimes seront donc déduits de ce prix révisé.

Un tarif social pour l'électricité va être mis en place pour les familles percevant les minima sociaux et pour les salariés gagnant jusqu'à 1,4 Smic. Cela devrait représenter une baisse de l'ordre de 40% sur la facture d'électricité. EDF appliquera ces tarifs, qui seront financés par le conseil général. De plus, "40 produits de première nécessité vont faire l'objet soit d'une baisse soit d'un gel. La liste sera élaborée avec les distributeurs et les consommateurs et publiée au 1er mars", a aussi affirmé Michel Lalande.

Le conseil général a précisé que parmi ces produits, il y aurait "une dizaine de 'produits pays', c'est-à-dire produits localement comme le lait, l'huile, les couches, l'eau de Javel, le porc ou encore le poulet, qui baisseraient de 20 à 30%". La liste des produits n'étant pas arrêtée, des négociations doivent se poursuivre durant le week-end.

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