Le gouvernement français a entrepris de revendre à des pays étrangers ses vaccins excédentaires contre la grippe A
Selon Le Parisien, les doses sont revendues au prix où elles ont été achetées auprès des laboratoires pharmaceutiques, soit de 6,25 à 10 euros selon les produits.
L'opération a été confirmée dimanche par le gouvernement. Le PS a demandé "une mission parlementaire pour faire le bilan et tirer des leçons" de cette campagne qualifiée de "fiasco".
Depuis le 21 octobre, seules 5 millions de personnes ont été vaccinées.
L'opération de revente vise à réduire la facture de la campagne de vaccination de masse décidée par le gouvernement (l'achat des 94 millions de doses est estimé à 700 millions d'euros environ).
C'est la conséquence de l'avis rendu à l'automne par l'Agence européenne de la santé qui indique qu'une seule injection au lieu de deux suffit pour être protégé du virus. "Ce jour-là, on a compris qu'avec les 94 millions de doses achetées en juillet, nous détenions trop de vaccins", explique un responsable du ministère de la Santé cité par le journal et confirmé dimanche par un porte-parole du ministère.
Parmi les premiers acquéreurs, le Qatar a déjà acheté 300.000 doses et la négociation est bien engagée avec l'Egypte, qui souhaite acquérir 2 millions de doses, a précisé le ministère. Des négociations sont également en cours avec l'Ukraine, où la France est en concurrence avec l'Allemagne, selon la même source.
La commande française, d'un montant total de 675 millions d'euros, avait été passée auprès de quatre laboratoires différents - GlaxoSmithKline (GSK), Novartis, Sanofi-Pasteur et Baxter - ayant obtenu l'aval de l'agence européenne des médicaments (EMEA).
Sanofi-Pasteur, la division vaccins du groupe Sanofi-Aventis, s'est déclarée dimanche "disposée à examiner" une éventuelle demande de renégociation du contrat d'achat de doses de vaccins contre la grippe H1N1 avec le gouvernement français qui tente de revendre son excédent.
Depuis le début de la campagne de vaccination française le 21 octobre, quelque 5 millions de personnes ont été vaccinées. Selon le dernier pointage de l'Institut national de veille sanitaire, la pathologie a provoqué 198 décès au 29 décembre.
Réactions
Le député PS Jean-Marie Le Guen a également réclamé dimanche "une mission parlementaire pour faire le bilan et tirer des leçons" de cette campagne qu'il a qualifiée de "fiasco". Il dénonce les sommes "considérables" investies ainsi que "le plus faible taux de personnes vaccinées des pays développés".
Pour le professeur Marc Gentilini, spécialiste des maladies infectieuses et ancien chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, "tout ceci était prévisible". "A partir du moment où on décidait d'un plan critiquable, avec mise hors-jeu du service de santé principal constitué par les médecins libéraux, on courait un risque de non-acceptation par la population", a-t-il jugé.
"Je suis très sévère sur la façon dont on a agi parce qu'on n'a pas accepté un dialogue vrai sur les risques que faisait courir ce nouveau virus (...) alors que globalement il représente une mortalité inférieure à celle de la grippe saisonnière". "Je conçois très bien qu'on veuille prendre une assurance tous risques, mais quand une assurance coûte beaucoup plus cher que le risque, on doit quand même s'interroger", a-t-il conclu.
"Imaginez un seul instant, si le gouvernement n'avait pas pris de telles précautions et que la pandémie avait été ce que l'on craignait à l'époque, les accusations qui auraient été portées, notamment contre la ministre de la Santé et le chef du gouvernement", a estimé le porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé.
"Je suis scandalisé par le scandale" que cette affaire "provoque", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, lui-même ancien médecin. "Qu'est ce qu'on aurait dit si l'épidémie avait été grave, qu'est ce qu'on aurait dit si les gens avaient risqué leur peau. Qu'est ce qu'on est content que ce virus soit un peu moins virulent qu'on ne le pensait", a-t-il poursuivi. "Attendons un peu car l'hiver n'est pas fini et souvent ça rebondit", a ajouté le ministre.
D'autres pays commencent à revendre leur stock
Outre la France, l'Allemagne et les Pays-Bas ont commencé en Europe à revendre leurs surplus de vaccins anti-grippe A-H1N1 sur le marché mondial. D'autre pays l'envisagent ou n'ont encore rien décidé.
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