Le Parlement français a interdit jeudi soir la fracturation hydraulique pour l'extraction du gaz de schiste
La France devient ainsi le premier pays au monde à interdire l'usage de cette technique jugée hautement polluante.
Après l'Assemblée nationale, le Sénat a voté définitivement une proposition de loi UMP en ce sens par 176 voix contre 151. La gauche, qui souhaite l'interdiction pure et simple de l'exploitation du gaz de schiste, a voté contre.
En effet, conformément aux voeux de la majorité et du gouvernement, ce vote du Parlement ne ferme pas totalement la porte à l'exploration et à l'exploitation de ces hydrocarbures, richesse potentielle du sous-sol français.
Le président Sarkozy a assuré début juin qu'il ne voulait "pas créer de difficultés" à la Pologne qui souhaite exploiter ses gigantesques réserves en gaz de schiste évaluées à 5.300 milliards de m3.
Les permis déjà délivrés ne seront pas automatiquement abrogés
C'est une fronde des élus locaux et écologistes ulcérés par l'octroi en catimini de permis d'exploration de ces hydrocarbures non conventionnels en mars 2010 dans le sud-est de la France ou dans la région parisienne qui a alerté les pouvoirs publics.
La proposition de loi du chef de file des députés de la majorité présidentielle (UMP, droite) Christian Jacob, "visant à interdire l'exploration et l'exploitation des mines d'hydrocarbures par fracturation hydraulique", déposée en urgence (une lecture par assemblée), prévoyait à l'origine l'interdiction de l'exploration de ces pétroles.
Le texte a été amendé en première lecture à l'Assemblée, au grand dam des députés socialistes qui avaient approuvé le texte d'origine, La nouvelle version ne propose plus que d'interdire la technique de la facturation hydraulique, jugée hautement polluante.
Les titulaires des permis auront deux mois pour déclarer la technique utilisée. Et c'est seulement s'ils recourent à la fracturation hydraulique, ou s'ils ne répondent pas, que les permis seront abrogés.
L'opposition très critique
L'opposition de gauche souhaitait l'interdiction pure et simple de l'exploration et l'exploitation des gaz et huile de schiste au nom de la préservation environnementale. Elle demande l'annulation de tous les permis et une remise à plat du code minier.
"L'interdiction de cette seule technique laisse toute latitude à la mise en oeuvre d'une autre méthode toute aussi dévastatrice", avait critiqué le sénateur écologiste Jean Desessard en première lecture.
Ce texte "ne clôt pas le débat, l'embrouille et permet aux sociétés d'attendre des jours meilleurs", a déclaré jeudi Nicole Bricq (PS).
Les députés PS ont renoncé à saisir le Conseil constitutionnel craignant que tout soit annulé et que les permis déjà accordés soient à nouveau utilisables.
Les collectifs anti-schiste ont lancé l'organisation d'un "rassemblement citoyen" du 26 au 28 août dans les Cévennes, à Lézan (Gard), sur l'avenir énergétique de la France.
La technique dite de fracturation hydraulique consiste à injecter de grandes quantités d'eau et des produits chimiques dans le sous-sol pour briser la roche et libérer le gaz.
Selon les écologistes, la technique de la fracturation hydraulique, utilisée notamment aux Etats-Unis, est très polluante pour les nappes phréatiques. Le film "Gasland" (qui montre, entre autres, une flamme sortant du robinet) a fortement alimenté le mouvement, d'abord aux Etats-Unis, puis en France.
A voir aussi :
>> Sur Owni : Loi contre les hydrocarbures de schiste : décryptage d'une usine à gaz Sur LaTelelibre: le film Gasland Sur Le Monde.fr Un questions-réponses avec José Bové sur le gaz de schiste
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