Le thème de la légalisation de l'euthanasie s'est invité à nouveau jeudi à l'Assemblée mais le débat a tourné court
Les députés socialistes ont quitté l'hémicycle pour protester contre la décision du gouvernement et du groupe UMP de reporter le vote du texte, des articles et des amendements, comme c'est désormais le cas sur chaque proposition de loi de la gauche.
Ils ont donc boycotté la suite de la discussion dans l'après-midi.
Avant l'incident, le rapporteur du texte, le socialiste Manuel Valls a plaidé pour un véritable "droit général à l'euthanasie", refusant "l'hypocrisie" car "l'euthanasie est en réalité une pratique courante dans de nombreux centres de soins".
"La seule manière d'éviter les dérives est d'admettre enfin la réalité pour mieux l'encadrer", a-t-il dit, car "la généralisation" du recours aux soins palliatifs "ne répondra jamais aux souffrances et aux demandes de tous les malades".
La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a répliqué que la loi du 22 avril 2005, dite loi Leonetti, avait constitué "une avancée considérable dans le débat sur la fin de vie", se demandant s'il fallait "franchir un nouveau pas" et si ce pas constituerait, in fine, "un progrès ou la transgression d'une limite".
Un progrès sans aucun doute pour l'UMP Henriette Martinez, militante de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, qui revendique "l'ultime liberté" et regrette "que l'UMP ne se soit pas saisie de ce sujet".
Visant à légaliser l'euthanasie, le texte socialiste prévoit que "toute personne majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée et qu'elle juge insupportable, peut demander à bénéficier d'une assistance médicalisée pour mourir dans la dignité".
La proposition de loi répond "au seul souci de liberté pour chacun", estime de son côté Jean-Luc Romero, président de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), dans une lettre ouverte aux députés. Il estime que la législation actuelle, appelée loi (Jean) Léonetti, du nom du député qui l'a portée, "ne permet pas de garantir aux citoyens de notre pays une fin de vie conforme à leurs propres volontés".
"Sans une loi accomplie, nous savons que des euthanasies clandestines sont pratiquées", et ce "sans consultation préalable du patient", et que "ceux qui réclament une délivrance (...) sont maintenus dans des souffrances inacceptables". Pour répondre "à ceux qui craignent les dérives", M. Romero souligne que "la loi encadre et précisément évite les dérives".
"Cette perspective de légaliser l'euthanasie - qui remporte l'adhésion d'une très large majorité de Françaises et de Français, quelle que soit leur appartenance politique et quelle que soit leur pratique religieuse - répond au seul souci de liberté pour chacun", souligne le conseiller régional d'Ile-de-France.
Alors que les députés l'examinaient dans l'hémicycle, l'Alliance pour les Droits de la Vie a manifesté son opposition jeudi matin devant l'Assemblée nationale. Quelque 70 personnes se sont allongées au sol, sous des draps blancs, en tenant des panneaux disant notamment "Ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie ".
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