Législatives : les circonscriptions à surveiller
Anciens ou nouveaux ministres menacés sur leurs terres, députés sortants à la peine, dissidents insoumis à la discipline de parti, parachutages mouvementés... FTVi dresse la liste (non exhaustive) des circonscriptions clés du scrutin.
François Hollande va-t-il pouvoir compter sur une majorité à l'Assemblée nationale après les élections législatives ? Impossible, à ce jour, de répondre à cette question, même si, dans la foulée de l'élection présidentielle, la gauche paraît bien placée dans 333 circonscriptions sur 577. Mais le scrutin des 10 et 17 juin réserve ici et là quelques joutes à suivre avec attention. Anciens ou nouveaux ministres menacés sur leurs terres, députés sortants à la peine, dissidents insoumis à la discipline de parti, parachutages mouvementés... FTVi dresse la liste (non exhaustive) des circonscriptions où ça chauffe.
• Quel avenir pour les ministres de Jean-Marc Ayrault ?
Vingt-six ministres, dont le premier d'entre eux, Jean-Marc Ayrault, sont candidats aux législatives. S'ils sont élus, ils céderont immédiatement leur place à leur suppléant pour pouvoir rester au gouvernement. S'ils sont battus, en revanche, ils devront se plier à la règle rappelée par Jean-Marc Ayrault : ils devront démissionner du gouvernement.
La majorité d'entre eux ne devraient pas rencontrer de problème particulier pour être élus ou réélus à l'Assemblée nationale. En revanche, la tâche sera particulièrement ardue pour Marie-Arlette Carlotti, à Marseille. La nouvelle ministre déléguée aux Personnes handicapées doit en effet affronter le député sortant et ancien ministre Renaud Muselier, dans une circonscription où François Hollande n'a réuni que 50,22% des voix au second tour de la présidentielle. Pari osé également pour Sylvia Pinel (PRG), ministre déléguée chargée de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme. François Hollande a réalisé 50,86% dans la 2e circonscription du Tarn-et-Garonne, où elle avait été élue députée de justesse en 2007.
Quelques autres ministres ne sont pas à l'abri d'une mauvaise surprise : Pierre Moscovici dans la 4e du Doubs, Marisol Touraine dans la 3e de l'Indre-et-Loire, Jérôme Cahuzac dans la 3e du Lot-et-Garonne, Aurélie Filippetti dans la 1re de Moselle, Benoît Hamon dans la 11e des Yvelines, ou encore Stéphane Le Foll, qui brigue l'ancienne circonscription sarthoise de François Fillon.
• De nombreuses figures de droite en difficulté
L'élection ne sera pas de tout repos pour nombre de ministres sortants du gouvernement Fillon et autres personnalités de droite, notamment en Ile-de-France. Le 6 mai, François Hollande est arrivé en tête dans de nombreuses circonscriptions détenues par la droite. Parmi les députés sortants menacés : Xavier Bertrand (2e de l'Aisne), Michèle Alliot-Marie (6e des Pyrénées-Atlantiques), André Santini (10e des Hauts-de-Seine), Patrick Devedjian (13e des Hauts-de-Seine), Eric Raoult (12e des Hauts-de-Seine), Hervé Novelli (4e d'Indre-et-Loire), Valérie Rosso-Debord (2e de Meurthe-et-Moselle), Hervé Mariton (3e de la Drôme) ou encore Chantal Brunel (8e de Seine-et-Marne).
Le score de certains poids lourds sera également à observer à la loupe. Comme celui de Jean-Louis Borloo, à Valenciennes (Nord), où François Hollande est arrivé en tête, ou encore celui de Laurent Wauquiez (Haute-Loire). La situation de Jean-François Copé à Meaux est incertaine : il pourrait avoir à faire à une triangulaire avec la n°2 du Front national, Marie-Christine Arnautu.
• Combien de triangulaires avec le Front national ?
Au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen a dépassé les 12,5% des inscrits – seuil nécessaire aux candidats aux législatives pour se maintenir au second tour – dans 353 circonscriptions sur 577. Mais il y aura sans doute beaucoup moins de triangulaires au soir du 10 juin. Le FN a tout de même de bonnes chances de se maintenir dans les 25 circonscriptions où il est arrivé en tête. Certains cadres frontistes pensent pouvoir remporter 15 sièges. Un objectif qui paraît très optimiste.
Les ténors du FN pourraient faire de bons scores, notamment Marine Le Pen à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Florian Philippot à Forbach (Moselle), Marion Maréchal-Le Pen à Carpentras (Vaucluse) ou Gilbert Collard à Saint-Gilles (Gard). Dans toutes ces circonscriptions, Marine Le Pen a viré en tête le 22 avril.
Un nombre important de triangulaires pourrait nuire à la droite. Mais dans de nombreux endroits, un FN fort pourrait aussi avoir pour conséquence d'éliminer la gauche du second tour, d'autant que le Front de gauche n'a pas réussi à s'accorder avec le PS et EELV sur des candidatures communes dans ces circonscriptions.
• Quelques circonscriptions sous les feux de la rampe
Outre l'épique combat qui oppose Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon dans le Pas-de-Calais, d'autres oppositions promettent d'être intéressantes. A La Rochelle (Charente-Maritime), Ségolène Royal, dont la victoire est obligatoire si elle veut devenir présidente de l'Assemblée nationale, devra affronter un socialiste local. Dans les Vosges, Jack Lang joue son destin politique dans une circonscription plutôt à droite. Une défaite pourrait mettre un terme à sa carrière.
François Bayrou et Jean Lassalle, les deux seuls députés MoDem sortants (Pyrénées-Atlantiques), pourraient perdre leur siège au profit du PS ou de l'UMP. Dans le Nord, le député Christian Vanneste, connu pour ses positions homophobes, a décidé de se présenter bien qu'il n'a pas reçu l'investiture de l'UMP. A Asnières et Colombes (Hauts-de-Seine), les regards se tourneront vers Rama Yade, qui défie le député UMP sortant Manuel Aeschlimann, dans une circonscription que la gauche se verrait bien remporter.
• Des candidatures iconoclastes
Leur candidature ne bouleversera peut-être pas le scrutin, mais leur profil atypique fera forcément parler d'eux. Pour la première fois, le Parti pirate, qui milite pour un meilleur partage des savoirs face aux droits d'auteur et aux brevets, va présenter plus de 100 candidats en France. Il espère recueillir au moins 1% dans 50 circonscriptions, ce qui lui permettrait de bénéficier d'un financement public.
A Montpellier, les électeurs de la 1re circonscription de l'Hérault auront peut-être la surprise de découvrir une tête connue sur les panneaux électoraux : celle de l'ancien présentateur météo de France 2 Patrice Drevet. A Dreux (Eure-et-Loir), c'est l'humoriste Dieudonné qui se présente sous la bannière du Parti antisioniste. Dans le Loir-et-Cher, le candidat soutenu par le Front national, Jean-Yves Narquin, n'est autre que le frère de l'ancienne ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, peu suspecte de collusion avec le FN. Dans la 5e circonscription des Français de l'étranger (Andorre, Espagne, Monaco, Portugal), c'est le prince Charles-Philippe d'Orléans, petit-fils du comte de Paris, prétendant au trône de France, qui se présente "sans étiquette". Et enfin une certaine Céline Bara, actrice porno, tente sa chance dans l'Ariège au nom du Mouvement antithéiste et libertin (MAL). Tout un programme.
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