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Les réactions restaient prudentes lundi après l'inculpation du patron du FMI pour tentative de viol

A droite, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a considéré que l'arrestation de DSK était "un évènement de très grande portée" pour DSK et sa famille, ensuite pour le PS "et également pour l'image de la France" au FMI.A gauche, on souligne la "violence" des images de DSK sortant menotté du palais de justice.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Dominique Strauss-Kahn lors d'une conférence de presse dans le cadre du G20 à Paris le 19 février 2011 (AFP - FRED DUFOUR)

A droite, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a considéré que l'arrestation de DSK était "un évènement de très grande portée" pour DSK et sa famille, ensuite pour le PS "et également pour l'image de la France" au FMI.

A gauche, on souligne la "violence" des images de DSK sortant menotté du palais de justice.

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a lui aussi évoqué "l'image de la France", qui "passe en boucle dans le monde entier". Il a assuré avoir demandé aux dirigeants de son parti "beaucoup de mesure, voire de silence". "En plus de la victime présumée, la femme de chambre, il y a une victime avérée, c'est la France", a commenté la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

"La position du gouvernement français respecte deux principes simples: celui d'une procédure judiciaire en cours sous l'autorité de la justice américaine (...) et puis le respect de la présomption d'innocence", avait expliqué sur France 2 dimanche le porte-parole du gouvernement et ministre du Budget, François Baroin.

"Une cruauté insoutenable"
"Cela fait près de 30 ans que je fais de la politique" mais "je n'ai jamais vu cela et je n'ai jamais ressenti cela", a affirmé Manuel Valls, candidat à la primaire socialiste pour 2012. "Dominique Strauss-Kahn est un ami que je connais de puis longtemps, les images de ce matin sont d'une cruauté insoutenable", a-t-il ajouté. "J'avais les larmes aux yeux", a-t-il dit.

Ce sont "des images très violentes et je pense qu'ils [es Américains] ne font pas la différence entre le directeur du FMI et n'importe quel autre suspect", a déclaré de son côté l'ex-juge Eva Joly, candidate à la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts pour 2012. "La justice américaine est beaucoup plus violente" qu'en France", a-t-elle souligné.

Mis en cause il y a deux ans dans une affaire financière, le député PS de l'Essonne, Julien Dray a mis en garde sur France 2 contre toute tentation de "justice spectacle". "C'est une image qui peut faire mal, qui va avoir une vocation planétaire malheureusement", a mis en garde ler parlementaire.

Réactions à gauche
Lors d'un point presse, la première secrétaire du Parti socialiste a demandé aux socialistes de rester "unis et responsables". Evoquant un "coup de tonnerre", Martine Aubry s'est dite "stupéfaite" de l'inculpation de Dominique Strauss-Kahn

Première à réagir au PS, Ségolène Royal a qualifié la nouvelle de "bouleversante". "Tout reste à vérifier", a poursuivi la présidente de la Région Charente-Poitou et candidate aux primaires.

L'ancien premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande, lui-même candidat aux primaires, a fait de sa "stupéfaction" face à cette "terrible nouvelle".

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a dit éprouver "beaucoup de tristesse" lundi soir en marge du Conseil de Paris. Il a appelé à la "sobriété" et estimé qu'il fallait "résister à la pression des images et des emballements".

Le député socialiste Pierre Moscovici, lui-même proche du patron du FMI: "Je pense qu'il faut faire preuve de retenue". "Attendons la version des faits de DSK. Je le connais depuis 30 ans, cela ne ressemble pas à ce que je connais de lui", a-t-il ajouté.

Le co-président du Pari de gauche, Jean-Luc Mélanchon, s'est dit "consterné: "Je souhaite que ce soit faux car le viol est un crime", a-t-il poursuivi, estimant que "c'est déjà assez de l'humiliation que cette information provoque parmi les siens". Il a appelé "à la retenue".

... au centre...
"Tout cela est confondant, navrant et infiniment troublant", a déclaré de son côté le président du Modem, François Bayrou. Il a souligné l'exigence de "responsabilité" d'un membre de la classe politique.


Le vice-président du Parti radical, Dominique Paillé: "Si cela était avéré, cela serait un moment historique mais dans le sens négatif du terme pour la vie politique française parce que ça voudrait dire que des candidats potentiels à la magistrature suprême ne pourraient en aucune circonstance tenir leurs pulsions", a-t-il ajouté.

Le président du Nouveau centre, Hervé Morin: "je ne participerai pas à la curée". "Je ne suis pas socialiste, ce n'est pas mon ami politique, mais pour autant je revendique pour lui la présomption d'innocence", a-t-il expliqué.

... à droite...
Pour le député UMP de Paris et ancien ministre Bernard Debré, DSK est un "homme peu recommandable". "C'est humilier la France que d'avoir un homme qui soit comme lui, qui se vautre dans le sexe, et ça se sait depuis fort longtemps", a dit Bernard Debré, précisant qu'il s'exprimait "à titre personnel".

La présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, s'est émue d'une "affaire très grave" qui entache, selon elle, l'image de la France.

... et à l'extrême droite
"Les faits qui sont reprochés à Dominique Strauss-Kahn, s'ils sont avérés, sont d'une très grande gravité. Il est définitivement discrédité comme candidat à la plus haute fonction de l'Etat", a déclaré la présidente du Front national, Marine Le Pen. Elle a évoqué les "rapports légèrement pathologiques que M. Strauss-Kahn semble entretenir à l'égard des femmes".

Autres réactions
"Il faut attendre que les choses soient décantées et voir si c'est réel ou une provocation",a déclaré l'un des avocats français de DSK, Me Léon-Lef Forster. "Il ne faut surtout pas rentrer dans un spectacle médiatique et attendre que les choses soient éclaircies", a-t-il ajouté.

Pour l'ancien conseiller François Mitterrand Jacques Attali, DSK ne pourra "pas être candidat à la primaire" PS, ni rester à la tête du FMI. "On va avoir une candidature de Martine Aubry contre François Hollande" à la primaire socialiste, a-t-il estimé.

Peut-on montrer DSK menotté ?
Les images de Dominique Strauss-Kahn menotté à la sortie du commissariat de Harlem ont fait le tour du monde. Aux Etats-Unis, ces images ne posent aucun souci. Mais en France, la loi est plus regardante.

La loi Guigou du 15 juin 2000 a en effet renforcé la protection de la présomption d'innocence en incriminant la diffusion de l'image d'une personne menottée.

Ce délit, puni de 15.000 euros d'amende, punit "lorsqu'elle est réalisée sans l'accord de l'intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support, de l'image d'une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l'occasion d'une procédure pénale mais n'ayant pas fait l'objet d'un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu'elle est placée en détention provisoire".

En l'occurence, la paire de menottes qui entrave Dominique Strauss-Kahn n'apparaît pas sur les images. Mais pour Me Thomas Roussineau, auteur d'une thèse sur le droit de l'image, c'est tout comme: "Il a les bras dans le dos, est encadré de policiers, on ne voit pas les menottes mais on comprend qu'il est menotté."
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