Les révélations de Charles Pasqua
Jacques Chirac avait "débloqué 900.000 francs" en 1995 pour libérer deux pilotes français détenus en BosnieJacques Chirac avait "débloqué 900.000 francs" en 1995 pour libérer deux pilotes français détenus en Bosnie
C'est ce qu'affirme Charles Pasqua dans une interview au "Journal du Dimanche" publié samedi.
Cet argent lui avait été remis par Dominique de Villepin, toujours selon l'ancien ministre de l'Intérieur.
Dans cette même interview, Charles Pasqua, condamné mardi pour trafic d'influence à trois ans de prison, dont deux ans avec sursis et une amende de 100.000 euros dans le cadre de l'affaire de l'Angolage, réclame "la levée du secret défense" sur ce dossier des pilotes français.
"Je suis un animal de combat. On m'a cherché, on va me trouver. J'estime que dans cette affaire (Angolagate) la justice n'a pas bien fait son travail. C'est grâce à Arcadi Gaydamak (également condamné dans le dossier de l'Angolagate), qui est un ancien du KGB, que nous avons pu faire libérer nos deux pilotes détenus par les Serbes. Le président de la République Jacques Chirac et ses collaborateurs le savent bien. Je le démontrerai en appel", affirme-t-il.
Comme on lui demande "comment?", il répond: "Avant la libération des pilotes, Jacques Chirac m'avait donné le feu vert et m'avait même débloqué 900.000 francs sur les fonds spéciaux. C'est même Dominique de Villepin (alors secrétaire général de l'Elysée, ndlr) qui m'avait remis l'argent à l'Elysée."
"Alors, poursuit-il, quand je vois qu'Alain Juppé, Edouard Balladur, ou même Villepin ne se souviennent de rien, cela n'est pas sérieux ! (...) Concernant Villepin, cela ne sera jamais qu'un mensonge de plus. Je demande donc la levée du secret-défense sur cet épisode. J'avais même remis personnellement un rapport à Jacques Chirac, écrit de la main de Jean-Charles Marchiani. Chirac sait bien que la médaille du mérite accordée à Arcadi Gaydamak était légitime. En tout cas, le président était parfaitement au courant", assure le sénateur des Hauts-de-Seine.
Depuis sa condamnation en première instance, Charles Pasqua explique que dans l'Angolagate, une affaire de trafic d'armes illégal, "on n'a pu l'accrocher qu'au travers de (la) décoration" attribuée à Arcadi Gaydamak.
Au JDD, il répète que "ses ennuis (judiciaires) ont commencé en 2000", quand il a dit être "candidat à la présidentielle de 2002". "Il est évident (...) que si j'avais été candidat, Jacques Chirac n'aurait jamais été élu. Il aurait été battu par Lionel Jospin. Tout a été fait pour m'éliminer. Un juge s'en est chargé", accuse-t-il.
Questionné sur le fait qu'il "restait l'ami de Jacques Chirac" tout en l'accusant d'"avoir provoqué vos ennuis judiciaires", Charles Pasqua répond: "Chirac, lui, n'a pas d'amis. Mais chacun est comme il est, je lui garde mon estime."
"J'ai fait beaucoup de choses pour lui. J'ignore s'il y est pour quelque chose, mais je suis certain que mes ennuis viennent de son entourage. J'ai l'intime conviction que son entourage a voulu m'éliminer", ajoute-t-il.
A la question: "Avez-vous des dossiers ?", il réplique: "Tout le monde parle aussi des 'réseaux Pasqua'. On fantasme beaucoup à mon sujet. Non, je n'ai pas de dossiers. Rassurez tout le monde!"
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