Violences urbaines en Martinique : ce que l'on sait de la situation dans l'île, où un couvre-feu a été partiellement instauré

La mobilisation contre la vie chère a été marquée par plusieurs nuits de violences en Martinique. Un couvre-feu a été décrété dans certains quartiers de Fort-de-France et du Lamentin, et le préfet a annoncé l'arrivée de renforts.
Article rédigé par franceinfo
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Un barrage à Fort-de-France, le 17 septembre 2024 en Martinique. (THOMAS THURAR / AFP)

La tension est vive en Martinique. Les mobilisations contre la vie chère sur l'île, qui ont débuté début septembre dans ce territoire ultramarin, sont désormais marquées par des nuits de violence dans certains quartiers de Fort-de-France.

Le préfet de Martinique a annoncé, mercredi 18 septembre, la mise en place d'un couvre-feu de 21 heures à 5 heures (heure locale) jusqu'au 23 septembre dans plusieurs zones. Des renforts doivent aussi arriver dans les prochains jours, selon le préfet. Franceinfo fait le point sur la situation.

Près de trois semaines de mobilisation contre la vie chère

Les manifestations en Martinique ont débuté le 1er septembre, le jour où plusieurs centaines de manifestants ont bloqué le port de Fort-de-France pour protester contre la vie chère et demander un alignement des prix alimentaires sur l'Hexagone. Selon une étude de l'Insee publiée en 2022, l'écart de prix entre la Martinique et la France métropolitaine atteint +14 %. Les produits alimentaires sont quant à eux "40% plus chers qu'en France métropolitaine".

Les manifestants répondaient à l'appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC). Ce collectif, qui avait sommé le 1er juillet les acteurs de la grande distribution d'aligner leurs prix sur ceux de l'Hexagone, avait fixé un ultimatum au 1er septembre. Cette manifestation avait été marquée par l'arrestation de Rodrigue Petitot, président du RPPRAC, ce qui avait entraîné la grève des syndicats de dockers et d'agents du port.

Face à cette fronde, l'Etat, les élus et les acteurs économiques de l'île s'étaient engagés lors d'une réunion en urgence sur "une baisse durable des prix de 20 % en moyenne de 2 500 produits de grande consommation", selon un communiqué de la préfecture de Martinique le 5 septembre.

Plusieurs nuits de violences

En marge des mobilisations contre la vie chère et des blocages de supermarchés, plusieurs nuits de violences ont éclaté dans l'île. Dès le 3 septembre, la préfecture de Martinique a fait état de heurts pour débloquer les accès du port de Fort-de-France ainsi que de violences dans le quartier de Sainte-Thérèse, près du port. Des voitures et des poubelles avaient été brûlées, alors que six policiers, visés par des tirs d'arme à feu, avaient été légèrement blessés. Trois personnes avaient alors été interpellées.

Depuis, des quartiers de Fort-de-France et du Lamentin, une ville en périphérie, font régulièrement l'objet de blocages et de barricades incendiées, selon la préfecture de Martinique. La tension est montée d'un cran le 14 septembre, où le commissariat de Fort-de-France a été visé par des tirs, d'après la préfecture. Les autorités ont aussi démantelé un barrage routier sur le principal axe entre le Sud et le Nord. Des violences "vivement" condamnées par le préfet, Jean-Christophe Bouvier.

Dans la nuit de mardi à mercredi, un McDonald's a été incendié dans le quartier Dillon, à l'est de Fort-de-France, où un supermarché a été envahi par une cinquantaine de personnes, toujours selon les autorités. Plusieurs barricades ont aussi été enflammées. Interrogé jeudi sur France Inter, le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, a fait état de "17 commerces attaqués, vandalisés" durant cette nuit. Il a aussi évoqué "des barrages sur certaines voies de Fort-de-France avec des véhicules incendiés". Depuis le début des manifestations, 15 personnes ont été interpellées et 11 policiers ont été blessés, écrit Martinique la 1ère. Le préfet a aussi fait état de "trois émeutiers" blessés, dont un par balle (une enquête de l'IGPN est en cours).

Un couvre-feu instauré localement

Un couvre-feu a été décrété dès mercredi soir dans certains quartiers de Fort-de-France et du Lamentin. Il entre en vigueur de 21 heures à 5 heures (heure locale) jusqu'au 23 septembre sur la zone portuaire, les axes routiers aux alentours de l'hypermarché de Dillon jusqu’à la Jambette à Fort-de-France. Des interdictions d'achat et de transport au détail de carburants et "d'artifices et d'articles pyrotechniques" ont également été décidées.

"J'ai demandé aux forces de sécurité intérieure de saturer les axes routiers et les ronds-points de leur présence et de procéder à un maximum d'interpellations", a expliqué le préfet de Martinique lors d'une conférence de presse. Jean-Christophe Bouvier a également affirmé que "des renforts significatifs sont arrivés et vont continuer d'arriver dans les prochains jours".

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