"J'ai pensé à tous ces gens qui meurent de faim" : à Marseille, un restaurant mahorais a observé une minute de silence en hommage aux victimes de Mayotte
L'espace d'une minute, le temps s'arrête dans ce restaurant mahorais du 3e arrondissement de Marseille. Lundi 23 décembre, une journée de deuil national a été décrétée pour les victimes du cyclone Chido à Mayotte. Une minute de silence a donc été organisée à 11h devant plusieurs mairies, dans les préfectures mais aussi dans des lieux moins institutionnels.
"On est sous le choc"
Dans son restaurant marseillais, Elisabeth, la patronne originaire de l'archipel, a tenu à s'arrêter de travailler juste avant le service, le temps d'une minute, pour rendre hommage aux victimes mahoraises. Elle active un chronomètre puis baisse le regard. Son cuisinier Ibrahim, lui, croise les mains sur son tablier et pense à sa famille, ses amis restés sur place. "Pour moi c'est très important de faire cette minute de silence, parce qu'on est sous le choc", explique-t-il après ce court arrêt.
"C'est à nous de montrer qu'on est des humains, de rester solidaires, faire face à ces problèmes ensemble", poursuit Ibrahim avant de remettre son tablier et de retourner derrière le comptoir. Comme lui, Elisabeth a beaucoup de proches sur place : "Durant cette minute, j'ai pensé à la détresse des familles. J'ai pensé à tous ces gens qui meurent de faim, ils manquent vraiment de nourriture et d'eau. Ils se sentent abandonnés, et c'est ce sentiment d'abandon pendant cette minute de silence qui m'a le plus percuté".
Le besoin d'une aide concrète
Si le silence n'aide pas en soi, il n'en demeure pas moins symbolique pour Elisabeth. "La minute de silence, c'est la coutume. Sans ça, on n'est pas un département français", assène la patronne. Or, elle l'affirme avec fermeté, Mayotte, "c'est un département français !". D'où l'importance à ses yeux de cette journée de deuil national.
Malgré tout, pour Elisabeth cet événement doit aussi avoir des répercussions concrètes et la visite d'Emmanuel Macron sur l'archipel, car elle considère l'aide apportée insuffisante : "Il est arrivé avec des bouteilles d'eau. Mais une fois qu'on a bu ses 50 centilitres, le soir il rentre dans l'Hexagone, mais on reste sans eau". Elisabeth elle n'est que trop consciente des besoins sur place alors que "90% de Mayotte est détruite", selon Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de l'archipel.
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