Mayotte : la députée Estelle Youssouffa dénonce une "communication" gouvernementale "d'une rare obscénité"

L'élue mahoraise accuse le nouveau Premier ministre François Bayrou et le gouvernement démissionnaire de faire de la "petite tambouille parisienne" alors que Mayotte est dans "une grande détresse humanitaire".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La députée Liot de Mayotte, Estelle Youssouffa, était l'invitée de France Inter, lundi 23 décembre. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

La députée Liot de Mayotte, Estelle Youssouffa, dénonce une "communication" gouvernementale "d'une rare obscénité", lundi 23 décembre, sur France Inter. Alors que le cyclone Chido a fait au moins 35 morts et environ 2 500 blessés, la France observe un deuil national lundi. Mais l'élue mahoraise s'insurge contre les ministres, à commencer par celui de l'Intérieur, Bruno Retailleau. "Dès la fin de ce week-end, 90% de la population sera reliée à l'eau courante, deux jours sur trois pendant huit heures via ce que l'on appelle des tours d'eau", a-t-il promis dimanche dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. Une information "fausse", réagit Estelle Youssouffa.

"Monsieur Retailleau a fait son opération de communication à Mayotte. Puis, il est reparti." Le ministre de l'Intérieur s'est rendu sur place, lundi 16 décembre, avec son homologue des Outre-mer, François-Noël Buffet. Estelle Youssouffa assure qu'elle n'a "pas eu une nouvelle, pas un message du ministère de l'Intérieur" depuis leur retour à Paris. Mais Bruno Retailleau "continue à faire des interviews, à proclamer des infos qui sont fausses. Il n'y a pas d'eau à Mayotte", déclare-t-elle, en colère.

"C'est tellement méprisant, tellement grave"

Alors que l'archipel "est dans une grande détresse humanitaire, qui est un désert sanitaire", le ministère de la Santé est "aux abonnés absents", accuse la députée de la première circonscription de Mayotte. Estelle Youssouffa fustige également le comportement du nouveau Premier ministre François Bayrou qui a préféré aller à un conseil municipal à Pau alors que l'archipel venait de subir cette catastrophe climatique, "qui n'est toujours pas venu à Mayotte et qui maintenant envisage d'annoncer son nouveau gouvernement un jour de deuil national". Pour l'élue mahoraise, "la petite tambouille parisienne continue et on s'en fout de Mayotte, c'est grave". Estelle Youssouffa se dit "bouleversée" et "trouve cela tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre".

Une situation humanitaire grave

Elle revient sur l'ampleur de cette catastrophe climatique. "90% de Mayotte est détruite, 90% des habitations n'ont plus de toit. On n'a pas d'eau, pas de nourriture." Il y a encore beaucoup d'interrogations sur le bilan humain. "On ne connaît pas le nombre de personnes décédées dans les bidonvilles. On évalue à plusieurs dizaines de milliers de personnes les disparus puisque ces zones, qui étaient extrêmement densément peuplées sont aujourd'hui quasiment vides."

Ces disparus "ne se sont pas évaporés", poursuit Estelle Youssouffa. "Aucun corps n'a été ramené par la mer, il n'y a plus de végétation pour que les gens aillent dans les forêts. Par déduction, ces personnes sont ensevelies sous les tonnes de boue, de détritus et de tôles. C'est dramatique, et c'est cela que les uns et les autres doivent accepter." La députée appelle "à aider les vivants" car il y a des blessés "sur l'ensemble de l'île" et "pas uniquement dans les bidonvilles". L'élue "ne minimise absolument pas ce qu'il se passe dans les bidonvilles, mais je voudrais que les uns et les autres se rappellent les priorités" à savoir, "sauver les survivants".

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