Michèle Alliot-Marie a démissionné dimanche de son poste de ministre des Affaires étrangères
Fidèle de Jacques Chirac ralliée à Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, 64 ans, a quitté le gouvernement dimanche après huit ans et demi d'une longue carrière ministérielle à des postes régaliens.
Elle était fragilisée depuis plusieurs semaines en raison de son voyage en décembre en Tunisie,en pleine révolte populaire, et de ses propos lénifiants.
Surnommée MAM, cette gaulliste européenne convaincue, donnée un temps possible successeur de François Fillon à Matignon, était titulaire du portefeuille des Affaires étrangères depuis novembre 2010, après avoir été à la Justice (juin 2009-novembre 2010) et à l'Intérieur (2007-2009).
Auparavant, elle a été ministre de la Défense pendant toute la durée du deuxième mandat de Jacques Chirac (2002-2007), après avoir été la première femme à présider le RPR (1999-2002).
Née le 10 septembre 1946 à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), elle est la fille de Bernard Marie, ancien arbitre international de rugby, député-maire RPR de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), dont elle a été la suppléante à l'Assemblée nationale de 1978 à 1981.
Docteur en droit et en sciences politiques, titulaire d'une maîtrise d'ethnologie et du certificat d'aptitude à la profession d'avocat, cette spécialiste de l'économie des pays d'Afrique, a commencé sa carière en 1970 comme assistante à la faculté de droit de Paris.
Elle décroche son premier mandat électif en 1983, comme conseillère municipale de Ciboure (Pyrénées-Atlantiques) avant de l'être à Biarritz, six ans plus tard. Elue députée pour la première fois en 1986, elle a été plusieurs fois réélue depuis. Maire de Saint-Jean-de-Luz (1995-2002), elle a aussi été députée européenne de 1989 à 1993.
Elle a pris la tête du RPR en 1999 qu'elle dirigera jusqu'à la réélection de Jacques Chirac en 2002. Auteur de "La République des irresponsables" (1999) ou "Le chêne qu'on relève" (2005), elle est la compagne de Patrick Ollier, nommé en novembre ministre des Relations avec le Parlement.
La lettre de démission de Michèle Alliot-Marie (VERBATIM)
"Monsieur le président de la République, cher Nicolas (ajouté à la main),
Depuis neuf ans, je sers notre pays avec fierté et bonheur, à la tête des ministères régaliens que le président Jacques Chirac puis vous-même avez bien voulu me confier.
C'est un honneur. C'est une responsabilité.
Je me suis efforcée d'y répondre en veillant, dans mes fonctions comme dans mon comportement personnel, à toujours respecter les exigences, non seulement de la légalité, mais aussi de la dignité, de la moralité et de la loyauté.
Depuis quelques semaines, je suis la cible d'attaques politiques puis médiatiques véhiculant, pour créer la suspicion, contre-vérités et amalgames. J'y ai répondu point par point afin de rétablir la vérité.
Depuis quinze jours, c'est ma famille qui subit de la part de certains médias un véritable harcèlement dans sa vie privée, pour tenter d'y chercher de quoi m'affaiblir à défaut de l'avoir trouvé chez moi.
Cette campagne n'entrave en rien mes relations avec mes partenaires internationaux ni ma capacité à remplir la mission que vous m'avez confiée, comme chacun a pu le constater récemment au Brésil ou hier encore dans le Golfe. Je ne puis néanmoins accepter que certains utilisent cette cabale pour essayer de faire croire à un affaiblissement de la politique internationale de la France.
J'ai trop de considération pour les hommes et les femmes du ministère des Affaires étrangères et européennes qui servent notre pays avec dévouement et compétence, pour accepter que leur action puisse être affectée par cette manipulation.
J'ai une trop haute idée de la politique au service de la France pour accepter d'être utilisée comme prétexte à une telle opération.
J'ai une trop grande loyauté et amitié à votre égard pour accepter que votre action internationale puisse, en quoi que ce soit, en souffrir.
Bien qu'ayant le sentiment de n'avoir commis aucun manquement, j'ai donc décidé de quitter mes fonctions de ministre des Affaires étrangères et européennes.
En conséquence, je vous demande donc de bien vouloir accepter ma démission.
Je vous prie de croire, Monsieur le président de la République, à l'assurance de ma haute considération. Avec ma fidèle amitié" (ajouté à la main).
Réactions:
_ Le président du Nouveau Centre, Hervé Morin: "Elle a bien fait de démissionner. Je pense qu'elle aurait dû le faire avant".
_ L'ancien patron du PS François Hollande a estimé dimanche que le départ du gouvernement de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie marquait l''échec de la diplomatie française" et constituait "un affaiblissement de l'autorité du président".
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