Non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux : le dossier qui embarrasse Hollande
Le candidat veut mettre fin à cette règle, très critiquée par la gauche. Enfin presque.
La question revient sans cesse dans la bouche de ses opposants : quelle catégorie de fonctionnaires François Hollande va-t-il sacrifier pour pouvoir honorer les postes promis dans son projet présidentiel ?
Dans ses 60 propositions, dévoilées jeudi 26 janvier, le candidat socialiste confirme, comme il l'avait annoncé, la création en cinq ans de 60 000 postes dans l'Education nationale (soit 12 000 par an) et de 5 000 dans la police, la gendarmerie et la justice (soit 1 000 par an). Chaque année, ce sont donc 13 000 postes qu'il faudra créer dans ces secteurs.
Malgré ces hausses ciblées d'effectifs, le nombre total de fonctionnaires d'Etat – environ 2,4 millions – n'augmentera pas, prévient François Hollande face aux procès en irresponsabilité menés par la droite. Autrement dit, les 13 000 postes créés d'un côté seront… supprimés de l'autre. Depuis le discours du Bourget dimanche 22 janvier, la majorité tente de mettre le député de Corrèze en difficulté en le sommant de préciser dans quelles administrations il compte tailler dans les effectifs. Sans succès.
"Trois administrations prioritaires"
Jeudi, sur le plateau de France 2, le candidat du PS n'a pas pu se dérober face à la demande insistante d'Alain Juppé, qui ne s'est évidemment pas privé de lui poser la question. "Il n'y a que trois administrations prioritaires : l'Education, la Justice et l'Intérieur. Partout ailleurs, cet effort sera fait", lui a-t-il répondu.
François Hollande explique qu'actuellement, 60 000 fonctionnaires (toutes administrations confondues) partent chaque année à la retraite, dont 30 000 qui ne sont pas remplacés, conséquence de la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, système auquel il dit vouloir mettre fin.
"Pas de remplacement automatique"
Ces 30 000 postes par an seront donc pourvus, mais pas forcément dans les administrations touchées par les départs en retraite. Le candidat socialiste a dû se résoudre à le préciser : dans les administrations qui ne sont pas prioritaires, "il n'y aura pas de remplacement automatique des personnes partant à la retraite".
Conséquence : les non-remplacements risquent bien se poursuivre – à un rythme certes moins élevé – notamment au sein du ministère de la Défense, a annoncé vendredi à l'AFP Michel Sapin, chargé du projet présidentiel, grâce à la "loi de programmation militaire qui a été votée". Cette loi prévoit en effet la suppression de 54 000 emplois militaires et civils sur 320 000, sur la période 2009-2014. Ainsi, dit-il, "'il n'y a plus dans tout le reste des administrations que 5 000 postes de gens partant à la retraite et qui ne sont pas remplacés".
Mais de tout cela, François Hollande essaie de ne pas trop parler. Difficile pour un candidat de gauche d'assumer ce genre de décision, comme le montre le "coup de gueule" poussé par la gauche du PS début janvier. La droite, beaucoup plus à l'aise avec la question, devrait essayer d'en profiter.
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