État d'urgence en Nouvelle-Calédonie : "On ne passe pas en force en Nouvelle-Calédonie, au risque de soulever la tempête", souligne l'ancien ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas

L'ancien ministre estime que "l'État est un acteur qui doit parler de manière indifférenciée aux uns et aux autres mais depuis quelques années, le sentiment s'est installé qu'il ne s'adressait qu'aux loyalistes. Le consensus n'était pas rassemblé".
Article rédigé par franceinfo
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Des barbelés et des pierres bloquent la sortie du quartier de Tuband à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), le 15 mai, 2024. (DELPHINE MAYEUR / AFP)

"On ne passe pas en force en Nouvelle-Calédonie, au risque de soulever la tempête", souligne mercredi 15 mai sur franceinfo l'ancien ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, qui a été rapporteur en 2015 de la mission d’information permanente sur l’avenir institutionnel de l'archipel. Les émeutes survenues après le vote d'un texte élargissant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie ont fait quatre morts, dont un gendarme.

Jean-Jacques Urvoas écrivait en septembre dernier que les propositions sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie n'allaient pas permettre le consensus. "Beaucoup de personnes ont fait part au gouvernement de leurs inquiétudes. En Calédonie, la loi, le droit ne s'écrit pas par la force", rappelle-t-il. "L'État est un acteur qui doit parler de manière indifférenciée aux uns et aux autres mais depuis quelques années, le sentiment s'est installé qu'il ne s'adressait qu'aux loyalistes. Le consensus n'était pas rassemblé", estime-t-il.

"Ce qui est en jeu ici est un avenir durable"

L'état d'urgence demandé par Emmanuel Macron est "la preuve d'un échec collectif", selon l'ancien ministre de la Justice. "L'ensemble des négociateurs n'ont pas abouti. Les loyalistes et les indépendantistes n'ont pas été capables de convaincre en dehors de leur camp", souligne-t-il. "On a le sentiment qu'on revient 30-40 ans en arrière sur les questions d'ordre public."

Emmanuel Macron a annoncé que le Congrès qui doit valider la réforme constitutionnelle élargissant le corps électoral ne se réunirait pas avant la fin juin, pour laisser place aux discussions. Jean-Jacques Urvoas voit cette date comme un ultimatum. "Pourquoi une telle précipitation ? Nous ne sommes pas à des semaines ou des mois près. Ce qui est en jeu ici est un avenir durable", explique-t-il. "En Océanie, le temps ne se compte pas comme en Occident. Il faut accepter que le poids de la coutume, de la palabre en Océanie est décisif donc il faut dire qu'on va discuter."

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