Crise en Nouvelle-Calédonie : “Ce qui est ressenti chez les kanaks, c’est le déploiement d’une justice coloniale”, analyse un anthropologue
Des leaders indépendantistes kanak, dont Christian Tein, vont être incarcérés en métropole depuis la Nouvelle-Calédonie. Pour Benoît Trépied, anthropologue au CNRS, "cela fait écho aux années 1980 où beaucoup de kanaks, qui se considéraient militants et que les autorités disaient émeutiers, délinquants, terroristes, ont été envoyés en France". Selon lui, "cet exil suscite de nouveau une montée des tensions", engendrant de nouveaux barrages et de nouveaux affrontements, alors qu'il y avait "plus ou moins une tentative de désescalade menée en particulier par certains leaders de la CCAT".
Une décision politique "de passage en force"
"Ce qui est ressenti chez les kanaks, c’est le déploiement d’une justice coloniale", poursuit Benoît Trépied. "Au départ, c’est une décision politique de passage en force qui a mis le feu aux poudres alors que, depuis trois ans, il y a eu de nombreux avertissements. (…) Une réponse uniquement répressive et sécuritaire ne réglera rien", poursuit-il.
Concernant l’implication de l’Azerbaïdjan dans les émeutes, Benoît Trépied souligne que le pays n’était pas là au moment du vote du dégel du corps électoral. "Que la France se tire une balle dans le pied et que ses ennemis s’en servent ne me surprend pas", conclut-il.
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