Emeutes en Nouvelle-Calédonie : ce qu'il faut retenir de la journée du jeudi 16 mai

Après avoir décrété l'état d'urgence, le gouvernement a annoncé l'envoi de forces de sécurité supplémentaires. La quatrième nuit a été "plus calme et apaisée" dans le grand Nouméa, annoncent les services de l'Etat.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des gens se rassemblent près d'une voiture renversée dans le quartier Motor Pool à Tuband à Nouméa, le 16 mai 2024. (DELPHINE MAYEUR / AFP)

Le gouvernement cherche une sortie de crise. Gérald Darmanin a assuré jeudi 16 mai sur France 2 que le "calme" allait "être rétabli" en Nouvelle-Calédonie, après plusieurs nuits de violences. Le gouvernement "n'envisage pas de retrait" de sa réforme constitutionnelle, a ajouté le ministre de l'Intérieur. "Il suffirait de faire des pillages et des meurtres pour que le Parlement ne vote pas un texte ou encore pire qu'un référendum ne soit pas respecté ?", a-t-il justifié.

Gabriel Attal annonce un millier de forces de sécurité intérieure supplémentaires

Un millier de forces de sécurité intérieure supplémentaires sont en train d'être déployées en Nouvelle-Calédonie, où la situation "reste très tendue", a affirmé Gabriel Attal à l'issue de la réunion d'un nouveau conseil de défense à l'Elysée. "A la demande du président de la République, nous allons renforcer encore le pont aérien de rétablissement de l'ordre qui a été mis en place, pour déployer un millier d'effectifs de sécurité intérieure supplémentaires, en plus des 1 700 effectifs qui sont déjà sur place", a détaillé le Premier ministre.

 Un pont aérien a été mis en place pour ravitailler l'archipel pour "garantir la continuité des services de soins et l'approvisionnement alimentaire", a également annoncé Gabriel Attal. La situation sur l'archipel "reste très tendue, avec des pillages, des émeutes, des incendies, des agressions qui sont évidemment insupportables et inqualifiables", a-t-il ajouté. Il a aussi expliqué qu'"une circulaire pénale" serait publiée par le garde des Sceaux dans les prochaines heures pour garantir "les sanctions les plus lourdes contre les émeutiers et les pillards".

 "Situation plus calme et apaisée" dans le grand Nouméa

L'état d'urgence décrété en Nouvelle-Calédonie a permis "de retrouver une situation plus calme et apaisée dans le grand Nouméa", ont annoncé vendredi matin (heure calédonienne) les services de l'Etat dans ce territoire français du Pacifique sud. Le haut-commissariat de la République évoque quand même "les incendies d'une école et de deux entreprises". Jeudi, les forces de l'ordre avaient procédé à "plus de 206 interpellations".

Un gendarme tué à la suite d'un "tir accidentel"

Un gendarme a été tué en Nouvelle-Calédonie jeudi à la suite d'un "tir accidentel", a annoncé le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Au total, cinq personnes, dont deux gendarmes, sont morts depuis le début des émeutes sur le Caillou, sur fond de révolte contre la réforme électorale controversée.

Dans son message, le ministre, qui fait part de sa "grande tristesse", explique que "le décès serait consécutif aux blessures générées par un tir accidentel, alors que les gendarmes s'engageaient pour assurer une mission de sécurisation". La gendarmerie précise dans un message sur le réseau social X que l'agent est mort "à l'occasion d'un départ en mission, alors qu'une unité configurait un véhicule blindé".

Les dégâts des émeutes estimés à 200 millions d'euros

Les trois premières nuits d'émeutes en Nouvelle-Calédonie ont causé pour 200 millions d'euros de dégâts, a estimé le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie. "La CCI a fait un travail d'évaluation des dommages basés sur le coût de construction, le stock, l'exploitation", a déclaré David Guyenne à l'AFP, à l'issue d'une réunion avec le gouvernement de Nouvelle-Calédonie.

Selon lui, 80% à 90% du circuit de distribution (magasins, entrepôts, grossistes) de Nouméa ont notamment été "anéantis". "Les chiffres sont colossaux, la magnitude de l'impact sera énorme. L'économie calédonienne est structurellement atteinte", a-t-il poursuivi, estimant que "l'Etat va devoir intervenir". Mimsy Daly, la présidente du Medef de l'archipel, a pour sa part précisé que "plus d'une centaine d'entreprises sont totalement détruites". "Cela représente entre 1 500 et 2 000 emplois", a-t-elle estimé.

Gérald Darmanin accuse l'Azerbaïdjan d'ingérence

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a accusé l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie, alors que l'archipel est en proie à des émeutes inédites depuis 1988. Comme on lui demandait si ce pays, prorusse, ainsi que la Russie et la Chine faisaient de l'ingérence en Nouvelle-Calédonie, le ministre a répondu sur France 2 : "Sur l'Azerbaïdjan, ce n'est pas un fantasme, c'est une réalité", en regrettant "qu'une partie des indépendantistes calédoniens aient fait un deal avec l'Azerbaïdjan".

L'Azerbaïdjan a dénoncé de son côté les accusations d'ingérence "infondées" émises par la France s'agissant des émeutes en Nouvelle-Calédonie, y voyant des propos "insultants". "Nous démentons tout lien entre les leaders de la lutte pour la liberté calédonienne et l'Azerbaïdjan", a déclaré la diplomatie azerbaïdjanaise dans un communiqué, fustigeant "une campagne de calomnie" menée par Paris.

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