Émeutes en Nouvelle-Calédonie : la pénurie alimentaire menace les riverains alors que l'archipel est paralysé

Les Calédoniens font face à un risque de pénurie alimentaire depuis le début des émeutes sur l'archipel.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des étagères vides dans un supermarché de Nouméa, le 16 mai 2024. (DELPHINE MAYEUR / AFP)

En Nouvelle-Calédonie, la nuit de mercredi à jeudi 16 mai a été plus calme mais le territoire est toujours paralysé à cause des barrages et du couvre-feu mis en place pour endiguer les violences. Désormais, une partie de la population a faim. De nombreux commerces ont été pillés ou incendiés, les grandes surfaces sont majoritairement fermées à Nouméa, faute d'approvisionnement. La pénurie alimentaire commence à se faire sentir chez les habitants.

Les habitants se rationnent, voilà ce qu'ils expliquent à franceinfo : "On fait attention à ce qu'on mange". Mélanie habite dans la commune du Mont-Dore, à une dizaine de kilomètres de Nouméa. Autour d'elle, les commerces ont été fermés pendant trois jours. Certains ont rouvert pour quelques heures aujourd'hui : "C'était la cohue. Ici, c'est le magasin Casino du Mont-Dore, il y a eu une attente de plusieurs heures. Les gens ont dû attendre pour faire leurs courses et puis on est rationnés pour les achats. J'ai vu qu'on ne pouvait prendre, par exemple, que deux paquets de riz ou deux paquets de pâtes pour éviter de vider les rayons trop vite."

"On s'organise avec les gens du coin"

Mélanie, elle, n'a pas eu le courage de faire la queue pendant des heures. Pour le moment, elle vide les placards et le congélateur : "On avait des lentilles et des saucisses congelées donc ça fait deux jours qu'on mange des lentilles et des saucisses. Après, on s'organise aussi avec les gens du coin, on a des petits cultivateurs dans le quartier qui sont venus spontanément apporter leurs fruits. Tous ceux qui ne peuvent plus livrer en fait. On a aussi une ferme qui produit des œufs donc on a essayé d'en récupérer et de partager avec les voisins."

C'est le système D actuellement dans l'agglomération de Nouméa, là où se concentrent les émeutes. Franceinfo a pu joindre, jeudi après-midi, une maison de retraite. Une des infirmières racontait qu'il était difficile de proposer des repas équilibrés aux résidents. "Pas de protéines à chaque repas", d'après elle. Leur prestataire n'arrive pas à acheminer la nourriture régulièrement à cause des barrages routiers. Alors, là aussi, il faut rationner et puiser dans les maigres réserves de la maison de retraite. Franceinfo a également pu contacter une famille de petits producteurs de fruits et légumes. Ils reçoivent des dizaines d'appels de clients de Nouméa qui leur réclament à manger. Mais là encore, faute de pouvoir circuler librement, ces agriculteurs ne peuvent pas livrer leur marchandise qui va se perdre, disent-ils.

Le Haut commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie a indiqué qu'un bateau était arrivé jeudi au port de Nouméa, avec une cinquantaine de conteneurs de produits alimentaires. Les habitants attendent désormais le réapprovisionnement promis par les autorités parce que dans les rares magasins encore ouverts, les étals sont quasiment vides. Un deuxième navire doit accoster, avec là encore de la nourriture et des médicaments. Un pont aérien est également en place pour assurer l'approvisionnement alimentaire de la collectivité. Enfin, des convois sécurisés par les forces de l'ordre vont être mis en place pour ensuite approvisionner les points de distribution alimentaire.

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