Reportage "On parle de sortir du trou alors que le trou se creuse encore" : en Nouvelle-Calédonie, des tensions encore vives et des restrictions prolongées

Quatre mois après le début des émeutes, le calme est loin d'être revenu sur l'ensemble de l'archipel. Des incendies ont toujours lieu par endroits. Les restrictions ont été prolongées jusqu'au 24 septembre, date symbolique qui marque la prise de possession de l'archipel par la France.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Deux policiers stationnent à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 26 juin 2024. Image d'illustration. (THEO ROUBY / HANS LUCAS)

En Nouvelle-Calédonie, les restrictions sur les ventes et la consommation d'alcool, le port d'arme à feu ainsi que la vente d'essence ont été prolongées sur l'ensemble du territoire jusqu'au 24 septembre. C’est l’une des mesures prises par l’État à l’approche de cette date symbolique en Nouvelle-Calédonie qui marque la prise de possession du territoire par la France.

Mais surtout, à l'approche là encore du 24 septembre, le couvre-feu en vigueur est prolongé et renforcé. Prolongé tel quel (22h à 5h) jusqu'au 21 septembre et renforcé du 21 au 24 septembre (18h à 5h). Les autorités craignent en effet des débordements alors que quatre mois après le début des émeutes, les tensions sont toujours vives par endroits.

"Je n'en peux plus"

À l'entrée de Nouméa, il ne reste presque plus rien de Dock.com, un ensemble d'entrepôts où cohabitent une vingtaine d'entreprises. Pillages, incendies volontaires, tout est parti en fumée début mai ou presque. Les locaux de Jean-Marc Louis avaient été épargnés jusqu'ici. Ils ont pris feu ce week-end. "La mezzanine est entièrement fondue et s'est effondrée", déplore-t-il.

"On avait tout un stock de pièces détachées. Tout a fondu, tout a disparu. Et là, en fait, c'est un spectacle de désolation, encore une fois."

Jean-Marc Louis, gérant d'entreprise à Nouméa

à franceinfo

3 500 policiers, gendarmes et militaires sont déployés en Nouvelle-Calédonie. On est loin de l'explosion de violences de mai dernier, mais le calme n'est pas revenu, estime Jean-Marc Louis. "Ce n'est pas faute de leur avoir dit à plusieurs reprises, de les avoir appelés pour leur dire que cette zone devenait une zone de non-droit, que c'était déjà entièrement sinistré et visité jour et nuit, et que ça allait continuer. Et puis la preuve, c'est que c'est arrivé de nouveau, poursuit l'entrepreneur. Donc quand on parle de reconstruction, moi je suis désolé, la Calédonie est au fond du trou et on parle de sortir du trou alors que le trou se creuse encore."

Un désarroi partagé par Stéphane qui veut coûte que coûte poursuivre son activité. "On essaye de réhabiliter nos lieux de travail, on nettoie tout et puis ça continue à brûler, souffle-t-il. Et là, personnellement, je n'en peux plus. J'avais baissé un peu la garde parce que je me disais qu'on avait vécu le plus difficile. Mais je suis en train de voir avec mes collègues si on ne va pas venir garder la zone."

De nouveaux débordements éventuels

La situation est inégale sur le territoire. À 20 kilomètres de là, à Païta, le pont Pen a été le théâtre de violents affrontements pendant des semaines. Mais Jacques Pocthier, gérant d'une société de service agricole, a pu reprendre sereinement son activité. "Le pont a été bloqué. Il y a eu énormément de d'émeutiers qui ont pris possession de la route, explique-t-il. Depuis un mois à peu près, la situation s'améliore pas mal. Je suis plus inquiet sur la situation économique d'ensemble que sur mon entreprise personnelle."

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