Est-ce une bonne idée d'organiser l'exposition universelle 2025 à Paris ?
Le député UDI des Hauts-de-Seine Jean-Christophe Fromantin a présenté, jeudi, le projet de candidature de la capitale.
Paris doit-il organiser l'exposition universelle en 2025 ? Les partisans de cette idée présentent en détail, jeudi 5 mars, le projet de candidature de la capitale française. Si l'initiative est retenue, il restera un an pour peaufiner le dossier, qui devra être déposé au printemps 2016. A priori, faut-il ou non s'enthousiasmer ?
Oui, parce que c'est "un moteur d'activité"
Cette candidature serait source de dynamisme économique. C'est l'argument-phare de ses principaux promoteurs, à commencer par les auteurs du rapport parlementaire d'octobre 2014 sur le sujet, le député-maire UDI de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, et le président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux.
Le sénateur socialiste Luc Carvounas, le Premier ministre, Manuel Valls, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, ont rejoint leur camp. Au Salon de l'agriculture, le 24 février, ce dernier s'est dit "absolument pour". La raison de cet élan ? "Je pense que c'est un bon moteur d'activité et que les Français ont besoin d'avoir des événements mobilisateurs", a-t-il déclaré.
Même argument du côté de Luc Carvounas, un proche de Manuel Valls. Le sénateur du Val-de-Marne avait évoqué à l'automne dernier "les retombées positives" qu'aurait l'exposition sur "l'économie", "l'attractivité du territoire" ou "l'industrie du tourisme".
Oui, parce qu'elle donnerait corps au Grand Paris
Quel bénéfice les Parisiens peuvent-ils attendre d'un tel événement ? Comme le souligne le Huffington Post, les expositions universelles précédentes à Paris, en 1855, 1867, 1878, 1889 et 1900, ont considérablement transformé la ville : "Tour Eiffel, Petit et Grand Palais, gare de Lyon, métro, bateaux-mouches... Pas besoin de chercher loin pour retrouver des traces concrètes."
Les promoteurs de l'exposition universelle arguent qu'elle permettrait surtout, dans dix ans, de donner corps au Grand Paris. Selon Les Echos, l’idée serait de ne pas cantonner l’événement à la capitale, où serait néanmoins bâti un "village central" courant de la Défense au jardin des Tuileries, mais de "proposer une exposition polycentrée, rayonnant sur trois cercles concentriques, Paris intra-muros, le Grand Paris et les métropoles régionales" rapidement accessibles en TGV.
"Les gares emblématiques du futur métro du Grand Paris Express seraient utilisées pour réaliser 'un parcours tour du monde' autour de Paris", précise le journal économique.
Non, parce que cela coûte cher
Sérieux bémol : l'heure est-elle encore à la folie des grandeurs ? Même si certains équipements (comme la tour Eiffel, construite pour l'exposition de 1889) bénéficient ensuite à la population du pays ou aux futurs touristes, une exposition universelle coûte cher.
Celle de Shanghai, en 2010, a ainsi coûté officiellement 4,2 milliards de dollars. Mais en réalité, près de quinze fois plus, si l'on se fie aux évaluations de Reuters : "Son véritable coût, si l'on englobe la modernisation des infrastructures de Shanghai, est plus proche de 58 milliards de dollars."
Et le projet français ? Jean-Christophe Fromantin assure qu'il devrait coûter "un peu plus de 3 milliards d'euros" et sera "autofinancé" grâce à la billetterie et au mécénat, "sans avoir recours à l'argent public". Il table sur 70 à 80 millions de visiteurs attendus, ainsi que "700 millions de visiteurs virtuels" sur un site internet dédié. Mais ça, c'est sur le papier. Les coûts sont rarement tenus, et les recettes pas toujours atteintes.
Non, car cela ferait trop avec les Jeux olympiques
Autre objection de taille : non seulement Paris pourrait postuler à l'exposition universelle, mais il envisage aussi de déposer sa candidature aux Jeux olympiques d'été de 2024. Les deux projets seront d'ailleurs soumis au Conseil de Paris, en avril prochain. Ce cumul n'est-il pas excessif ?
Certes, Jean-Christophe Fromantin (UDI) comme Bruno Le Roux (PS) se disent déterminés à ce que Paris accueille l'exposition universelle 2025, quel que soit le cas de figure.
Leur argument ? Jean-Christophe Fromantin oppose "les Jeux olympiques", compétition sportive "très élitiste" durant "quinze jours hyper médiatisés", à une exposition universelle de six mois, "étape dans une trajectoire de développement, d'innovation, de progrès, un pays qui accueille le monde sur un thème et un cahier des charges très ouvert". Il juge aussi que "les expositions universelles sont le catalyseur de toute une série de politiques publiques", un "véhicule de réconciliation politique", et pas "un événement ponctuel, éphémère".
Mais à courir trop de lièvres à la fois, Paris ne prend-il pas le risque de tout perdre ? Avant de se raviser, la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait spontanément affirmé qu'il faudrait un jour "choisir" entre l'exposition universelle et les Jeux. Le budget n'y est pas pour rien : les Jeux olympiques coûteraient au moins 4,5 milliards d'euros. Il y a aussi le risque de la dispersion : qui trop embrasse mal étreint…
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