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Logement étudiant : quatre signes qui montrent que cette location est une arnaque

Alors que la demande de logements étudiants pour la rentrée est particulièrement forte, les tentatives d'escroquerie sont nombreuses. Plusieurs indices permettent de repérer facilement les arnaques.
Article rédigé par Capucine Licoys
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Un homme en train de consulter le site immobilier SeLoger.com, à Paris, le 18 janvier 2011. (THOMAS COEX / AFP)

"C'est une rentrée universitaire compliquée", constate la directrice générale du site d'annonces immobilières pap.fr, Laetitia Caron. Dans un marché immobilier en tension à la veille de la rentrée, les étudiants peinent à trouver des petites surfaces et sont parfois prêts à tout pour signer rapidement. Ce qui les rend particulièrement vulnérables aux tentatives d'escroquerie, d'autant plus qu'ils "méconnaissent les codes et les règles du marché", assure Laetitia Caron.

Propositions en dessous des prix du marché, demande de virements précipités ou de documents personnels avant toute visite... Franceinfo fait le tour des signaux qui doivent mettre la puce à l'oreille avant de louer un bien immobilier.

Un prix en dessous du marché

"La grande difficulté des étudiants, c'est le déséquilibre entre l'offre et la demande", analyse la directrice de pap.fr, qui constate un "effet entonnoir" particulièrement marqué cette année. En effet, le site agrégateur d'annonces connaît cet été une hausse des recherches de 17% par rapport à 2022, tout en proposant 15% d'offres en moins. A l'origine de cette hausse de la demande, "des jeunes salariés de 27-30 ans qui ne passent pas à l'achat, puisque les banques ont durci leurs conditions d'accès", continue-t-elle. Découragés par des taux d'intérêt très hauts, ces jeunes actifs louent plus longtemps que de coutume, ce qui provoque des embouteillages sur le marché locatif. Le phénomène touche en particulier les villes étudiantes telles que Lille, Bordeaux, Rennes ou Toulouse.

Dans ce contexte locatif très tendu, les étudiants peuvent être séduits par des photos alléchantes dans une situation géographique prisée, pour des prix cassés. "Il faut être vigilant à la cohérence des annonces et vérifier que les loyers ne sont pas sous-évalués", recommande Samantha Nerot, agente immobilière dans le 11e arrondissement de Paris. Les étudiants peuvent se faire une idée de la fourchette de prix en vigueur en comparant les annonces de différentes plateformes. Un réflexe facile à adopter puisque les sites d'annonces disposent souvent d'un système de création d'alertes : il suffit de renseigner ses paramètres géographiques et financiers dans la ville choisie pour évaluer les prix du marché.

Certains documents personnels exigés avant la visite

"Certains bailleurs, sous prétexte de vouloir se protéger, demandent des choses exubérantes", explique Sofiane Djeffal, avocat spécialisé en droit immobilier au barreau de Lille. Gare à ceux qui exigent un extrait de casier judiciaire, une carte d'assuré social ou un relevé de compte : ces pièces sont régulièrement demandées pour usurper l'identité du locataire. Seuls les justificatifs d'identité, de domicile, de ressources et de situation professionnelle inscrits sur service-public.fr peuvent être réclamés. Si le propriétaire demande un document ne figurant pas sur cette liste, il risque une amende pouvant aller jusqu'à 3 000 euros. Il est également recommandé de ne pas envoyer de dossier par e-mail avant de rencontrer le propriétaire.

Seul bémol, cette prudence peut jouer en la défaveur de l'étudiant. "Les locataires qui n'envoient pas leurs dossiers en amont risquent de ne pas être retenus face à la forte demande", déplore Laetitia Caron. Pour envoyer ses pièces justificatives en toute sécurité, elle recommande donc le recours à dossierfacile.fr, une plateforme du gouvernement qui vise à sécuriser ce processus. Des agents recouvrent les pièces jointes de filigranes, vérifient le contenu du dossier et, s'il est conforme, le labellisent. La panacée, selon la directrice générale de pap.fr, puisque la plateforme "donne des chances à votre dossier sans vous mettre en danger".

De l'argent réclamé avant de signer

La règle d'or est de ne jamais verser la moindre somme d'argent avant d'avoir signé le bail ainsi que l'état des lieux d'entrée dans l'appartement et récupéré les clés. "Ce que j'ai le plus souvent, c'est le cas d'étudiants à qui on demande des dépôts de garantie ou des honoraires de location avant la visite, évoque l'agente immobilière Samantha Nerot. Et la visite n'a jamais lieu." Dans l'urgence, des étudiants peuvent être tentés de céder à une demande de chèque de réservation, ou manquer de vigilance sur les montants de caution requis. Pour un logement non meublé, il ne peut pas être supérieur à un mois de loyer sans les charges, et pour un meublé, deux mois de loyer sans les charges, explique le site du service public.

Il est primordial de rencontrer le propriétaire du logement avant tout échange financier, surtout si la personne déclare vivre à l'étranger. Fuyez tout bailleur ayant un compte Western Union ou MoneyGram et non un relevé d'identité bancaire (RIB). Il s'agit de mandats cash, sans traçabilité, qui permettent aux arnaqueurs de retirer de l'argent dans n'importe quelle agence du réseau concerné, sur présentation d'une simple carte d'identité. "On va vite vers des sommes qui atteignent 500, 600 ou même 1 000 euros", avertit Me Djeffal. L'avocat au barreau de Lille recommande ainsi de ne rien envoyer "avant d'avoir fait l'état des lieux et d'avoir les clés du logement en main".

Des photos de l'annonce sur de nombreux autres sites

Certains particuliers louent à leur compte un logement sur une plateforme de chambre d'hôtes pour quelques jours, organisent des visites en se faisant passer pour le propriétaire, puis disparaissent de la circulation après avoir récupéré des dépôts de garantie. Selon Laetitia Caron, ces arnaques à la fausse location sont "moins répandues", mais ont connu un essor parallèle à celui de sites comme Airbnb. La directrice générale de pap.fr propose aux étudiants d'effectuer une recherche d'image inversée pour s'en prémunir. Il suffit de télécharger les images d'une annonce sur des sites comme Google Images ou Tineye, en suivant par exemple cette vidéo explicative de France 24, et de regarder si des résultats apparaissent sur des sites de chambres d'hôtes par exemple.

Si l'annonce en question ressemble à une arnaque, vous pouvez saisir la plateforme Pharos, dédiée au signalement de contenus illicites sur internet. Et si vous en êtes victime, le site du service public recommande dans un premier temps d'alerter immédiatement votre banque pour tenter d'annuler l'opération et éviter de prochaines tentatives. Il est aussi possible de "déposer plainte à la police ou en gendarmerie, ou par courrier auprès du procureur". L'escroquerie est un délit passible d'une peine allant de cinq à sept ans de prison et de 375 000 euros d'amende.

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