Pénurie d’enseignants : "La situation est un peu plus dégradée qu'une année normale", affirme le SNPDEN-Unsa une semaine après la rentrée
Une semaine après la rentrée, il manque toujours des enseignants en France. Si les chiffres officiels ne sont pas encore connus, la situation est "dégradée" sur le terrain selon le SNPDEN-Unsa, qui appelle à faire un "point de situation objectif".
"La situation est un peu plus dégradée qu'une année normale", a déclaré jeudi 8 septembre sur franceinfo Bruno Bobkiewicz, secrétaire national du SNPDEN-Unsa, proviseur de la cité scolaire Berlioz à Vincennes (Val-de-Marne). Une semaine après la rentrée, il manque des enseignants alors que Pap Ndiaye, le ministre de l'Education, avait promis un enseignant dans chaque classe. "S'il y a des manques il faut le dire, ne pas crier que la rentrée est techniquement réussie parce que ce n'est pas tout à fait le cas pour le moment", assure-t-il.
franceinfo : Une semaine après la rentrée scolaire quel est votre constat et quelle sont vos attentes ?
Bruno Bobkiewicz : La situation est un peu plus dégradée qu'une année normale, c'est-à-dire hors Covid. Il faut maintenant qu'on fasse un point de situation objectif, qu'on ne se raconte pas d'histoires. S'il y a des manques il faut le dire, ne pas crier que la rentrée est techniquement réussie parce que ce n'est pas tout à fait le cas pour le moment. Il faut faire le nécessaire pour recruter encore plus vite et combler les postes qui restent vacants et les besoins de remplacement.
Est-ce que ce manque d'enseignants vous étonne ?
Non, malheureusement. On est dans une situation qui tend à montrer que sur l'ensemble du territoire on a encore ici ou là un certain nombre d'enseignants manquants. Il y a un effort important qui a été fait, il faut le reconnaître sur l'affectation rapide d'enseignants à la fin du mois d'août, mais il y a des tensions dans certaines disciplines, académies.
Quelles sont les matières concernées ?
C'est très différent d'une académie à l'autre. Dans mon établissement, j'ai un professeur d'EPS qui est rattaché administrativement et qui à ce stade n'a pas d'affectation. Il est aujourd'hui en surplus. On a donc un manque dans certaines académies et un surplus dans d'autres. Il y a de gros écarts géographiques et disciplinaires mais il y a des matières qui sont structurellement en tension comme la technologie.
À Toulouse, des élèves de 6e ont passé un an sans cours de technologie. Est-ce que cela arrive souvent ?
Cela reste un phénomène isolé, mais ce n'est pas acceptable d'avoir un enseignant absent toute l'année. On l'avait pointé au mois de décembre quand on avait fait une enquête pour savoir où on en était. Il y avait un nombre non négligeable de postes restés vacants depuis la rentrée. Il faut absolument régler ce problème. On ne peut pas avoir des élèves qui restent sans enseignant toute l'année dans une discipline.
En cas d'absence de professeur son créneau horaire est comblé par une autre matière. Est-ce une pratique régulière ?
Cela se fait de façon insuffisante. Cela s'appelle le remplacement courte-durée. Cela existe depuis plus de 10 ans. Les enseignants qui sont disponibles et volontaires peuvent lors de l'absence d'un enseignant, en l'occurrence de courte durée, prendre le créneau horaire pour enseigner leur discipline. Un professeur d'anglais ne fera pas de la technologie. On n'a pas beaucoup de volontaires sur ce dispositif car les enseignants sont déjà assez occupés et considèrent qu'ils ne peuvent pas faire beaucoup d'heures en plus.
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